Logan Lucky, le come back réussi de Steven Soderbergh

Steven Soderbergh revient au cinéma après avoir pris sa retraite hollywoodienne, il y a 4 ans. En effet, après Effets secondaires et Ma Vie avec Liberace, il annonçait qu’il ne ferait plus de films, ce qu’il avait déjà commencé à faire avec le second, qui était en fait un téléfilm produit par HBO. Il a continué sa route télévisuelle et livrait l’excellente série The Knick où, contrairement à beaucoup de réalisateurs qui travaillent sur des séries, il en réalisait l’intégralité et non seulement le pilote. Avec Logan Lucky, ce retour au cinéma n’est pas conventionnel, puisque le film a été produit et distribué tout à fait différemment des films hollywoodiens. Le cinéaste américain a mis un point d’honneur à gérer son projet de bout en bout, jusqu’à sa distribution et sa promotion.

Le film raconte l’histoire de deux frères, Jimmy et Clyde Logan, poursuivis par l’infortune et qui vont tenter de faire tourner la chance de leur côté. Ils mettent alors au point un casse. La chance va-t-elle enfin leur sourire ?

Au casting de ce film qui peut rappeler la saga Ocean, nous retrouvons Channing Tatum (aka mon acteur préféré) désormais pilier de la famille soderberghienne et Kiley Rough (vue dans Mad Max Fury Road ou American Honey) qui campait une escort dans la série produite par le cinéaste, Girlfirend Experience adaptée de son long-métrage éponyme. Les nouveaux venus sont Daniel Craig, qui livre une prestation vivifiante et drôle, très éloignée de l’espion britannique et flegmatique et Adam Driver (le Kylo Ren de la nouvelle saga Star Wars) en manchot benêt.

Le film nous plonge en Caroline du Nord, dans un milieu très américain : les courses de stock-car, l’un des sports automobiles les plus populaires Outre-Atlantique. L’imcipit donne le ton très vite avec une scène où le personnage de Channing Tatum et sa fille écoute et chante une chanson de country : l’Amérique profonde est au rendez-vous. Ce n’est pas ce qui me touche le plus au monde. Je n’aime ni la country, ni les courses de voitures. Mais là où Steven Soderbergh est un génie c’est quand il réussit à me surprendre et à me toucher avec ce matériel-là, à mille lieux de ma sensibilité. Il s’intéresse aux gens simples ici, les magnifie tout en humilité. Leur dessin est sincère et pétri de bonnes intentions même si le chemin pour y parvenir est un délicieux prétexte au rire, à l’action, au suspense : du pur Soderbergh tendance Ocean’s 11 et suites. A s’intéresser aux losers, le cinéaste n’est pas sans rappeler les Frères Coen. La même loufoquerie est là, mais on ne s’y attendait pas, et pas de cette façon. Le film surprend plus d’une fois, dans ses péripéties, dans ce qu’il raconte in fine et l’emprunte qu’il laisse.

Avec un film de casse rudement efficace en terme d’action et de fun, Soderbergh est là où on ne l’attendait pas. Il nous laisse sortir de la salle, le cœur rempli de la bienveillance, après s’être régalé de scènes mémorables. C’était tellement agréable qu’on ne peut que vous conseillez d’aller goûter sa potion magique.

4.5 / 5