Youth Lagoon – Wondrous Bughouse

De la douce mélancolie naturelle qui découle de sa musique et de sa voix, Trevor Powers (Youth Lagoon) fait ce qu’il veut. Et en l’occurence, il en avait fait ni plus ni moins qu’un sublime premier album, The Year of Hibernation. Un véritable diamant dont chaque écoute semblait révéler de nouvelles facettes. Et alors qu’on n’en avait toujours pas fait le tour, son successeur arrive « déjà », c’est Wondrous Bughouse.

Il n’était pas évident de se projeter dans la suite du premier disque. Allait-il s’agir de la même direction ? Secrètement, on pouvait en rêver. Ce ne sera pas le cas : Wondrous Bughouse va un cran plus loin. Au risque de nous perdre, comme le fait l’introductif instrumental et destructuré Through Mind and Back. OK, voici quelque chose de nouveau, pas forcément convaincant.

Heureusement, il est aussitôt rattrapé par l’intense, long et légèrement déroutant Mute : le titre est appuyé par une boucle de notes très aiguës qui laisse perplexe. C’est donc plus clair : Youth Lagoon s’embarque donc dans une série d’expérimentations sonores qui seront le fil conducteur de Wondrous Bughouse. Mais nous pouvons être rassurés : le talent est toujours présent.

Symbole de l’évolution de l’artiste, The Bath allie la pureté mélancolique du premier album aux notes expérimentales qui séduisent Powers. Indéniablement, il vagabonde en solitaire sur des chemins musicaux qu’il semble découvrir, et nous le suivons de loin, en arrière, comme spectateurs de son périple. Souvent, il accélère le rythme, comme s’il se mettait à courir pour nous distancer (Pelican Man, Raspberry Cane). D’autres fois, il se révèle étonnamment bavard, puis se laisse rattraper (Dropla). Plus loin, il vous laisse croire qu’il ne se passera rien avant de vous coincer dans une atmosphère d’inquiétude (Sleep Paralysis). Une fois encore, à chaque écoute Wondrous Bughouse révèle de multiple facettes et confirme un talent à part, celui d’aboutir à un album intemporel, une mine de pierres précieuses que l’on n’est pas prêt d’épuiser.

Si vous ne connaissez pas encore Youth Lagoon, partez vite à sa poursuite avant qu’il ne devienne insaisissable. Vous aurez l’impression d’observer un artiste en pleine communion avec la Musique.

3.5 / 5