Le retour de The National avec Sleep Well Beast (critique)

Beau et puissant. Les deux mots étaient déjà présents dans la chronique de Trouble Will Find Me en 2013. The National nous revient avec Sleep Well Beast, et il va falloir trouver autre chose que « beau » et « puissant » pour en parler.

C’est pourtant mal parti avec Nobody Else Will Be Here, pur produit habituel du groupe, qui vous replonge immédiatement dans leurs bras tel un doudou que l’on retrouverait après plusieurs années. Il faudra toute la mélancolie rock (et punchy) de Day I Die qui lui succède pour nous sortir — déjà —  de notre douceur.

People thought The National went away, but we were just working on ideas.
Aaron Dessner

Avec des membres vivants dans cinq villes différentes désormais, la méthode a changé. Fini le temps de Brooklyn où tout le monde était réuni pour composer au fil des journées, place à des sessions d’une semaine à New York ou Los Angeles, mais aussi Berlin.

Est-ce que cela s’entend ? Oui. Plein de petits éléments viennent titiller l’oreille de l’auditeur habituel (et habitué) du groupe. Par exemple The System Only Dreams In Total Darkness sonne comme une évolution du son The National. Plus court que la moyenne, rythmé, presque pop (sans rien exagérer non plus) il apporte ce qui symbolise peut-être le nouveau souffle de la formation.

Plus surprenant, et moins agréable, Turtleneck pousse le volume un peu au-dessus du seuil pour aboutir à un morceau certes qui tabasse, mais semble bâclé. Tout l’inverse d’un Guilty Party qui lui pour le coup est un classique du groupe. On regrettera en revanche le final et éponyme Sleep Well Beast, dont l’ambition (la longueur, le côté épique du morceau) ne rencontre pas forcément l’exécution qui reste en demi-teinte.

Sans être une révolution, ni même un grand virage, Sleep Well Beast est bel et bien différent dans la discographie de The National. C’est subtil, dilué, ponctuel, mais omniprésent.

This album feels complete to me.
Aaron Dessner

3.5 / 5