The Revenant

Double performance devant et derrière la caméra, The Revenant se révèle impressionnant mais artificiel : on admire sans être convaincu.

On le sait, Leonardo DiCaprio court toujours après son premier Oscar du meilleur acteur. Ou plutôt l’industrie entière du cinéma attend le moment où l’acteur chéri d’Hollywood depuis TITANIC mettra la main sur la statuette suprême. Enchaînant les rôles marquants sans jamais réussir, sa nouvelle tentative avec THE REVENANT (une adaptation d’un roman de Michael Punke) pourrait le voir enfin conclure l’affaire. Un rôle impressionnant, physique et hors normes offert sur un plateau par Alejandro González Iñárritu, tout juste revenu du succès de son BIRDMAN et lui aussi à la recherche de nouveaux défis.

Et comme son précédent film, THE REVENANT est un sommet de cinéma dans tous les sens du terme. Derrière la caméra Iñárritu propose des plans majestueux, alternant poésie en images (plans de paysages magnifiques, lumière parfaite du décidément très doué Emmanuel Lubezki, passé récemment chez Terence Malick) et prouesses techniques. Certains plans sont littéralement à étudier de près pour comprendre comment ils font avancer l’action. On est embarqué dans un récit monstrueux autour de la survie d’un trappeur en plein XIXe siècle, laissé pour mort par l’un de ses camarades qui en outre a tué son fils devant ses yeux. Le récit est lancé, un scénario que n’aurait pas renié Liam Neeson, survival enneigé non loin de son TERRITOIRE DES LOUPS avec un père de famille énervé à la TAKEN.

Devant la caméra, on célèbre un DiCaprio toujours très en forme, faisant face à Tom Hardy, l’acteur de l’année côté performances (après LEGEND, MAD MAX…). A leurs côtés les seconds rôles ne déméritent pas, notamment un solide Domhnall Gleeson. De ce récit d’hommes, où les femmes n’ont qu’un rôle de motivation (pour survivre, pour lutter), Iñárritu signe un film éprouvant (on en ressort après 2h30 dans la neige aux côtés de Leo, en pleine souffrance) dans un désert blanc, tantôt western brutal impliquant une chasse à l’homme implacable, tantôt film de survie enchaînant les séquences fortes. A ce titre l’attaque subit par le héros par un grizzly est d’une force incroyable.

Sans concessions, THE REVENANT est un récit au premier degré qui vous fait approcher l’action au plus près. Si on félicite la réussite totale du film, c’est dans cette accumulation d’héroïsme (devant et derrière l’objectif) qu’il s’oublie quelquefois. Entre deux forts moments, on pourra trouver le temps long, et l’impression d’assister à un grand spectacle plutôt qu’y rentrer totalement.

4 / 5