Dallas Buyers Club

Ron Woodroof est un cowboy texan pur jus des années 1980 : un peu électricien (et arnaqueur dans des paris de rodéo) pour gagner sa vie, il est aussi addict à la drogue, l’alcool et le sexe. « Pas étonnant qu’il chope le SIDA » aurait dit ma grand-mère sans une once de compassion. Et c’est effectivement son diagnostic, au hasard d’une prise de sang, qui va bouleverser son quotidien : on lui donne 30 jours à vivre. Forcément, nous en sommes au début du fléau, les traitements comme l’AZT sont expérimentaux (et meurtriers) et Ron va se battre contre les labos et les autorités américaines pour se soigner via des traitements alternatifs non-toxiques, mais pas encore acceptés aux Etats-Unis. Peu à peu, d’autres vont le suivre dans son système de santé parallèle : le Dallas Buyers Club est né. Et il dérange…

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Tu t’souviens ? Tu t’souviens ? Tu te souviens quand Matthew McConaughey était déjà mort et enterré, risée du tout-Hollywood pendant 10 ans (2000-2010), à cause de ses errances cinématographiques après EdTV (1999) ? Et bien il n’aura mis que 2 ans à effacer son ardoise, et bien plus encore. A partir de La Défense Lincoln (2011), on assiste à l’avènement du nouveau McConaughey, fin sélectionneur de rôles emblématiques, au premier ou second plan (Mud, Magic Mike, Le Loup de Wall Street). Dallas Buyers Club est la pièce maîtresse de sa résurrection, avec une performance à couper le souffle qui lui vaut d’être nommé à l’Oscar du meilleur acteur (cette phrase sera peut-être mise à jour après la cérémonie…). Certes il y a la transformation physique — on finit par s’habituer, notamment avec Christian Bale — mais il y a aussi la détresse, l’émotion et la détermination, parfaitement véhiculées.

« Deux performances exceptionnelles » (c’est marqué sur l’affiche)

On parle effectivement beaucoup de la prestation de Matthew McConaughey, mais il ne faudrait pas occulter celle, tout aussi bluffante, de Jared Leto. Pour lui non plus le transformisme n’est pas nouveau (prise de poids, look androgyne…) mais il atteint des sommets dans le rôle de Rayon, transsexuel séropositif, non seulement convaincant mais également drôle, percutant, et touchant.

Golden Globe du meilleur acteur dramatique pour Matthew McConaughey, Golden Globe du meilleur second rôle dramatique pour Jared Leto, certes l’interprétation semble prendre le pas sur le scénario. Pourtant celui-ci aussi, inspiré de faits réels (ou d’une histoire vraie enfin… vous connaissez la rengaine) est d’une qualité étonnante, précis et pertinent. L’actualité et l’avancée des traitements du SIDA dans les années 1980, abordée surtout du point de vue des malades, et d’un homme qui ne se contente pas d’attendre sagement de mourir et aura sa part d’influence sur l’Histoire de la Médecine. Beau et passionnant.

4.5 / 5