The Leftovers – saison 2 : entre peurs et croyances

On le savait : THE LEFTOVERS est une adaptation d’un livre qui couvre l’entière saison 1. La deuxième année de la série est donc un matériel tout à fait original, toujours développé par la même équipe, Damon Lindelof (co-scénariste sur LOST, PROMETHEUS…) en tête. Analysant les conséquences d’une tragédie globale (le monde changé après la disparition inexpliqué de 2% des êtres humains), la série d’HBO était pour ses 10 premiers épisodes un bijou esthétique non dénué de profondeur, qui parvenait à chambouler les codes des séries actuelles pour offrir une vraie émotion.

Force est d’admettre que la deuxième saison laisse perplexe. Certes, les scénaristes parviennent à poursuivre l’effort avec une histoire complexe et plus spirituelle. Nos héros cherchent un refuge après la fin de saison 1 (qui voyaient s’opposer avec violence les différentes pensées post-Departure), et pensent le trouver dans une ville du Texas miraculeusement épargnée par le Grand Départ, et depuis lieu de pèlerinage du monde entier. En pensant résoudre sur place leurs angoisses, ils en oublient que le contexte global et de nouveaux mystères vont rapidement les retrouver.

Mais dans le même temps, l’histoire qui nous est contée est décomposée. Forcément, tout le monde n’est plus au même endroit. Tout le monde n’avance pas à la même vitesse. Et il faut introduire de nouveaux personnages forts, tout en continuant l’histoire de ceux déjà présentés. Cette saison 2 se révèle un brin complexe (mais c’est aussi ce qui séduit) dans sa construction, faisant ainsi disparaître certains personnages pendant plusieurs épisodes, avant d’y revenir. Justin Theroux pour exemple s’offre une belle présence sur la fin, véritable centre d’attention des scénaristes, après un début de saison au second plan.

Les thématiques restent. THE LEFTOVERS parle de traumatisme, de ressenti face à un drame. En cela, si la série flirte avec le fantastique (cette saison n’est pas éloignée des dernières de LOST dans sa construction psychologique et ses aller-retours temporels, géographiques), c’est avant tout pour nous parler de souffrance. Après le cap passé en saison 1 autour des non-dits et du chagrin, nos héros sont en peine et ont peur. Ils cherchent à dépasser cela pour reconstruire leur vie. Sans l’oublier, ils font de leur chagrin un élément d’une nouvelle vie, quitte à lutter sur ce point contre la secte des Guilty Remnant dorénavant dirigée par le personnage de Liv Tyler.

Inégale dans ses ingrédients, cette seconde année de THE LEFTOVERS reste néanmoins fascinante dans sa volonté de bousculer son cadre global. On secoue le casting, on change le décor et on offre une narration éclatée sur la saison (notamment avec un épisode 8 renversant). Toujours tragique, séduisante (à l’image et dans sa bande originale) la série est dorénavant en mouvement. Et on est curieux de savoir de quoi sera fait la troisième (et dernière ?) saison déjà annoncée.

Point bonus : un nouveau générique sans doute parmi les plus beaux de cette saison télévisuelle.

3.5 / 5