The Get Down – partie 1 : la naissance d’un genre

Disons-le tout de suite, je n’aime pas Baz Luhrmann (je le vomis à vrai dire). Toute sa filmographie (Roméo + Juliette mise à part) m’inspire le même sentiment qu’un récital de Zaz pour l’inauguration d’un concept store Desigual à la Vallée Village…

Get Down Baz

Donc quand Netflix a annoncé ce projet de série, j’étais plutôt perplexe. Baz Luhrmann qui parle de hip hop, c’est comme prendre une salade au MacDo, une hérésie. On imaginait mal comment la mayonnaise pouvait prendre (oui, c’est le paragraphe métaphore culinaire). D’autant qu’on parle d’une production un peu chaotique avec le départ de plusieurs membres de l’équipe.

Autre point noir au tableau : la présence du fils de Will Smith, incarnation de la version 2016 du « fils de », dans son modèle « sans talent ». Oui, certains « fils de » sont plus talentueux que leurs aïeuls.

Pour rassurer les plus sceptiques, surtout ceux traumatisés par l’expérience Marseille, Netflix a largement communiqué sur Grand Master Flash, figure tutélaire du Bronx des années 80, et sur Nas. Alors autant je ne connais pas le premier ni d’Eve ni d’Adam, autant j’idolâtre le second depuis des années. Son rap est davantage ma came que celui du duc de Boulbi, de Kaaris et d’autres. Et ne me lancez pas sur PNL qui me rappelle le bruit d’une longue flatulence sous LSD. Oui, j’ai beau être un babtou fragile qui adore Nekfeu, faut pas déconner non plus.

Get Down

Force est d’avouer que The Get Down est une véritable réussite.

The Get Down réussit le pari de nous emmener avec lui dans ce New York de la fin des années 70, au moment où le Disco vit ses dernières heures de gloire et où une bande de jeunes s’apprête à poser les bases du Hip Hop.

Get down

Pourtant, ce n’était pas gagné. Les soixante premières minutes sont un véritable supplice à regarder tant Luhrmann fait preuve d’une diarrhée visuelle. Ça part dans tous les sens niveau intrigue, ça balance à tout va des sons des années 70 sans réel sens, ça alterne frénétiquement images d’archives et celles de la série et ça finit par se perdre dans un trip de bons sentiments… Longtemps, on a l’impression d’être dans ce qui pourrait être « Oui-Oui fait du Hip-Hop, la comédie Musicale ».

Et puis, soudain… le miracle. A Vingt minutes de la fin d’un premier épisode fleuve, The Get Down se mue en véritable chef d’œuvre. Fini le disco, finie la mièvrerie, place aux beats, aux silences, aux punchlines bien placées. Cela arrive au même moment où notre héros se révèle, sort du disco pour rentrer dans le rap. Coïncidences ? Je ne pense pas. A partir de là, chaque épisode devient un plaisir pour les yeux et les oreilles.

Baz Luhrmann réussit là un double pari : montrer la naissance d’un genre culturel et donner naissance à un nouveau genre de série. The Get Down signe l’apparition de la première série pop & gum. Sans être acide, Luhrmann donne assez de piquant à la série pour lui éviter d’être une guimauve. La dernière-née de Netflix s’avère comme la recette parfaite pour buller l’été tranquillement à la fraiche.

On pourrait encore dire beaucoup sur cette série : sa BO totalement géniale et son casting ultra efficace (la marque de fabrique de Netflix) mais on vous laisse découvrir tout ça.

Get Down Crew

Allez, pour être relou, abordons quand même les trois petits faux pas d’un presque chef d’œuvre.

Primo, l’aspect happy end… n’ergotons pas davantage ici, c’est l’une des principales caractéristiques de Luhrmann.

Get Down

Secundo, les effets insistants de mise en scène pour ancrer la série dans les années 70. On notera ainsi les effets de lumière pour donner un peu de cachet nous rappelant l’horripilant Indiana Jones ou dans le montage. Il y a également l’utilisation massive de sortes d’intercalaires entre chaque scène : soit on recourt à des images d’archives de New York, soit on filme le bâtiment, la rue où va se passer la scène et on voit la scène – un procédé digne des séries des années 80/90 type Arnold & Willy ou Arabesque.

Tertio, le fils Will Smith. C’est incroyable de voir quelqu’un jouer aussi mal. Chaque scène est un malaise total et c’est dommage vu l’énergie des autres acteurs.

Bref, The Get Down est une série qui vaut largement le coup. A cause de ces quelques points négatifs, on peut parler d’un presque chef d’œuvre.

Diffusion France : Netflix

Allez, voici le trailer. Have fun !

3.5 / 5