Sense8 – saison 1 : un nouveau terrain de jeu pour les Wacho

On l’espérait, mais on y a pas cru tout de suite : la fratrie Wachowski (les heureux géniteurs de MATRIX et quelques autres films ensuite) se sont trouvés une nouvelle patrie, et elle s’appelle Netflix. Le service de streaming gonfle en effet son catalogue d’oeuvres inédites, et devient le moteur d’une nouvelle lignée de séries phénomènes. Après les succès de HOUSE OF CARDS ou DAREDEVIL (entre autres), SENSE8 devrait entériner cette ère où le visionnage en streaming est désormais aussi audacieux et productif que ses consoeurs de la télévision.

Et c’est peu de le dire : on est sortis furieux du dernier MATRIX, on est passé à côté de SPEED RACER, on a trouvé CLOUD ATLAS intriguant mais mou, et JUPITER ASCENDING était grotesque malgré le talent des réalisateurs. Bref, on est loin d’être fan, mais on y croyait : les Wacho ont des choses à dire, et peut être qu’ils le font mieux en 12 heures qu’en 2. Réponse ? Oui, et preuve qu’ils sont plus à l’aise, leurs idées de fond ne changent pas.

Depuis le départ, les Wacho sont fascinés par l’homme (et femme) comme un être en constante évolution, et a sa possibilité de définir son destin. Leurs héros peuvent se métamorphoser et emprunter des chemins qui leur révéleront des capacités insoupçonnées. C’était notamment la grande révélation de Néo dans MATRIX, ou encore le destin de l’univers dans leur dernier film. Ici, en 12 chapitres les Wacho et JM Straczynski (scénariste de comics et BABYLON 5) dressent le portrait de 8 personnes dans le monde entier qui découvrent être connectés mentalement. De personnalités isolées, les voici interagissant entre elles, créant progressivement une conscience collective dépassant leur simple condition personnelle. La saison explore leur découverte de cette condition, et leurs interactions mentales et physiques où chacun de leur talent propre servira à sauver la vie des autres à un moment donné.

Car oui, la série n’oublie pas d’insérer un antagoniste, mystérieux et inexpliqué, qui donnera un peu de rythme à l’ensemble, à côté des problèmes de chacun. SENSE8 démarre très doucement, en posant les bases de son histoire : 8 personnes, 8 pays, 8 histoires à rapprocher les unes des autres, plus quelques personnages secondaires pour les guider. On ne commence à deviner le vrai potentiel de la série au 4e épisode, pour ensuite s’immerger complètement dans l’effervescence des croisements entre héros. Plus qu’un coup de main apporté par l’un à l’autre, c’est un vrai rapprochement sensoriel (sensuel par moment) autour duquel joue les Wacho, plaçant dans un monde réaliste leur envie d’offrir une vision de l’humanité sans frontières.

Au-delà du concept, c’est bien leur conception de l’homme (et un rappel du droit à la différence) que les Wacho continuent à défendre. Sexuellement libre, socialement divers, le ton est très moderne, mais reste malheureusement artificiel. Dans le casting des 8 héros, on retrouve 8 personnes sans handicap, parlant parfaitement anglais (ils retrouveront en milieu de saison l’idée de parler un peu leur langue natale). Dommage, et pourtant on s’y accroche à ce casting, après plusieurs épisodes. Leur apprentissage d’une fusion globale, à 8, livrent quelques scènes (souvent des fins d’épisode) très fortes et de vraies évolutions pour chaque personnage. Avec désormais 8 vies en balance, et une saison entière pour poser le décor, on espère voir l’ensemble aller de l’avant pour en faire exploser le potentiel en saison 2.

4.5 / 5
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