Dexter – saison 4

Depuis la saison 2, la série Dexter nous gratifie de personnages secondaires de haut niveau : Keith Carradine (saison 2), Jimmy Smitts (saison 3), et maintenant l’exceptionnel John Lightgow bien loin de son rôle comique d’extra-terrestre dans la sitcom 3ème Planète Après le Soleil (3rd rock from the sun).

Et pourtant… Lightgow est non seulement crédible mais aussi terrifiant dans son rôle de Trinity, un tueur en série qui parcourt les Etats-Unis depuis plus de 30 ans en suivant un cycle de trois meurtres bien définis à chaque fois. Et quand Trinity débarque à Miami, c’est la section criminelle où travaille Dexter Morgan qui s’en charge… Enfin pas exactement : c’est l’agent du FBI désormais à la retraite Franck Lundy (Keith Carradine) qui se consacre dorénavant à la seule enquête non-résolue de sa carrière. Un défi qui mettra bientôt tout le monde à contribution, compte tenu de la relation étroite entre Lundy et Debra Morgan, la sœur de Dexter.

une saison qui tranche

Dexter saison 4 pose un décor radicalement différent des précédents. Notre héros est maintenant marié et même papa d’un petit Harrison, ce qui lui cause bien des problèmes de concentration et de fatigue. Plusieurs fois dans la saison, Dexter et son identité secrète vont se retrouver en danger tandis que son épouse Rita (Julie Benz) l’empêche clairement de mener se petite vie tranquille de tueur justicier. La famille prend le dessus et malheureusement la série va en souffrir : le rythme de la première moitié de saison est parfois poussif. Cela se constate aussi au commissariat, où plusieurs personnages secondaires vont être beaucoup moins étoffés que d’habitude. C’est notamment le cas de Vince Masuka, relégué au rang de simple assistant. Pour d’autres on va simplement leur inventer une histoire sentimentale pour les occuper : Batista, Laguerta, et Quinn (mais ce dernier prend à l’inverse plus d’importance grâce à son couple).

l’effet Trinity

lightgow

John Lightgow est le méchant serial-killer Trinity. Si si je vous jure.

Et puis, cette quatrième saison redresse d’un seul coup la barre. A mesure que Trinity entre en scène et que son enquête prend de l’importance, la série regagne en intérêt. Tellement bien que Dexter se retrouve confronté à un très sérieux adversaire, encore plus dangereux que Miguel Prado dans la saison 3.

Car Trinity est un malin, qui a tout de même échappé à toute justice depuis plus de 30 ans. Le coincer ne sera pas chose facile, surtout que Dexter va devoir se rapprocher de sa cible comme il le fait habituellement, mais cette fois en s’impliquant beaucoup plus. Et c’est le fameux « code » de son père qui va en prendre un coup, Dexter oubliant de respecter plusieurs règles pourtant établies pour le protéger. D’ailleurs sa propre sœur va se mettre en quête de creuser du côté des conquêtes féminines de leur père.

Comme toujours, l’apothéose viendra du final, grandiose comme jamais avec une audace rarement constatée auparavant. C’est aussi cela, le talent de Dexter : surprendre et balayer les reproches d’un simple revers de la main. On en redemande car une chose est certaine et cette saison 4 nous l’impose (nous, spectateurs) autant qu’au héros : Dexter va devoir vivre avec sa famille, que cela nous plaise ou non, que cela lui plaise ou non.

CRITIQUE DE MG

Voilà l’ami Dexter de retour. Dexter est rentré dans notre quotidien depuis quatre saisons. On a du mal à laisser un tueur en série en liberté, et pourtant celui-ci on aimerait beaucoup l’avoir à dîner le dimanche midi à la maison. Et oui, car notre Dexter a dorénavant une famille pleine et entière. Et même un joyeux enfant. Dexter, pouponner? C’était le cliffangher de l’année dernière, la dernière image de sa troisième année et le teasing de cette nouvelle saison.

Avant ça, on l’avait même laisser en mari accompli. Un mariage pour le meilleur et pour le pire, le pire étant évidemment son emploi du temps. Partager un triple agenda de mari et père, de membre de la police de Miami et de tueur appliqué, rien de plus difficile. Le début de saison se base largement sur les éventuels conflits d’intérêt entre les trois domaines pour nous plonger dans une atmosphère balancée entre l’humour et la gravité de certaines décisions. C’est aussi ça Dexter, une certaine ironie de vie. Ce qui est assez extraordinaire pour le fan, qui a subi une troisième année en semi-échec (on en vient rapidement à ça lorsqu’on sort de deux années magnifiques) et assez mal rythmée, c’est de voir l’habileté des scénaristes à recoller aux morceaux des débuts de Dexter. Dark Passenger, Ice Truck Killer ou Bay Harbor Butcher sont des mots qui résonnent gentiment à nos oreilles dans un contexte nouveau.

Car Dexter s’est affirmé. Sa « couverture » s’est étoffée par l’apparition d’un joli bambin, mais étonnamment Dexter comprend qu’il s’est attaché à cette famille de substitution. Car il a développer un certain instinct de conservation (on évitera de parler de sentiments) pour ses proches, y compris sa soeur Debra. Toujours présente, au sein d’une équipe peu renouvelée depuis la saison passée, celle-ci continue son bonhomme de chemin et remonte la piste de son père, le même qui a appris certains codes au Dexter serial-killer. Un tueur moins maniaque entre deux changements de couches ou biberons à pré-chauffés. Et c’est bien ces imprudences qui se font jour à l’obliger à se surpasser pour en ressortir sans problèmes à chaque fois. Son orgueil jouant pour beaucoup, Dexter rattrape les situations non sans quelques incidents mineurs. Et même si le quotidien de la banlieue chic de Miami peut comporter quelques désagréments (gentiment soulignés..), c’est bien la traque d’un serial killer qui occupera la saison. Avec notre plus grand plaisir.

Le tueur de l’année rentre parmi les trois plus imposants de la série. Non sans avoir le charme de Dexter et son demi-frère (comment? vous n’avez pas vu la saison 1? j’espère, en lisant cette review..), le Trinity Killer (formidable John Lithgow) ajoute un nouveau chapitre vital dans la vie du héros. Une confrontation dantesque dans l’humidité de Miami, entre le retour d’un agent du FBI bien connu, surtout de la soeur Morgan. Mais pas pour longtemps, car ce retour comme signe du passé (saison 2) ne sera que bref, mais lancera la deuxième moitié de saison. Celle où Debra s’affirmera. Celle où Dexter cherchera à comprendre. Comprendre comment une version de lui plus vieille a fait pour se faire haïr de sa famille, comprendre comment faire pour ne pas y chercher un nouveau mentor. Hésitant, il se laissera à découvert, le temps d’avoir peur pour sa famille… Non sans les conseils d’Harry, il finira par rattraper le grand méchant, mais au prix d’une terrible perte.

Dexter avait mûri, maîtrisé son côté obscur. Il se relançait dans son activité préféré, malgré des petits soucis du quotidien. Il devra dorénavant faire face à ses responsabilités. Sa soeur se rapproche dangereusement de la vérité, sa famille est disloquée. Pourra t-il continuer à en assumer la charge? Rien de moins sûr, car la série nous a toujours étonnée. Mais le véritable défi ne serait il pas pour lui de retrouver un adversaire à la hauteur?? On espère, car sorti des livres on nous a livré de bien beaux moments cette saison, en contrebalançant le récit de quelques douceurs en bonus, qui donnent à la série malgré tout un équilibre maîtrisé. On attend donc de voir ce qu’il en sera pour la suite.

4 / 5
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