Avec “Assume Form”, James Blake se donne un second souffle

Il y a trois ans, notre chronique du précédent album de James Blake — The Colour In Anything — se terminait ainsi : « on veut désormais être surpris avec la suite ».

C’est chose faite avec Assume Form, puisque Blake prend le virage pop « mais pas trop non plus » que l’on pouvait déjà pressentir auparavant avec ses collaborations. Sur ce quatrième album l’artiste ose son évolution la plus radicale, sans être une révolution.

Ce qu’il manquera aux fans de la première heure, c’est probablement la voix si particulière (étouffée, presque fantomatique) moins présente sur les morceaux. D’un autre côté, ils y gagneront en diversité des timbres et des rythmes. Il y a même sur Barefoot In The Park un magnifique mélange des voix et des langues avec la collaboration de la jeune chanteuse espagnole Rosalía.

On n’échappera pas non plus à quelques longueurs très « blakiennes » comme Are You In Love? qui ressasse des sonorités et des thèmes éculés. D’une manière générale, l’intérêt de ce Assume Form réside dans le piment venu d’ailleurs, de ces invités qui apportent leur saveur et leur personnalité aux compositions du britannique. Travis Scott, Moses Sumney, Metro Boomin et encore plus André 3000 sur Where’s The Catch livrent des prestations remarquées.

Qu’on se le dise, le James Blake des débuts a définitivement vécu. Et le James Blake moderne qui prend sa place se révèle tout aussi intéressant. Il était temps, en réalité, de redonner du souffle au style désormais bien identifiable de l’artiste. Un souffle extérieur, comme le courant d’air frais qui se produit quand on ouvre les portes d’une maison. C’était aussi simple que ça.

4 / 5