Muse – The Resistance

Depuis plusieurs albums maintenant, c’est devenu à la mode de taper sur Muse. Non sans raison. A chaque nouveau disque on ne sait jamais où le groupe va nous emmener, ce qui peut être une qualité comme un défaut. Ce que l’on sait avec certitude, c’est que l’homogénéité ayant été depuis longtemps rayée du registre de Muse, on va trouver de tout, du bon comme du mauvais, dans plein de genres musicaux différents. The Resistance ne faisant absolument pas exception, c’est dans le détail que l’on se fera un avis sur le dernier Muse.

Ne cherchez pas trop loin la satisfaction sur The Resistance: le meilleur est au début, très précisément dans les quatre premières pistes de l’album. A commencer par l’imparable Uprising, titre d’ouverture, pur produit du Muse ravageur et séducteur. Un single au potentiel aussi important qu’un Starlight, avant qu’il ne soit épuisé par les ondes FM jusqu’à en devenir insupportable.

Pas grand-chose non plus à reprocher à The Resistance, le titre suivant, où ressortent également les influences déjà rabâchées maintes fois ailleurs de Muse (du coup j’ai décidé de ne plus en citer aucune, je me suis lassé et ça fera peut-être de cet article une chronique à part de l’album). The Resistance donc, c’est un très bon titre, qui plus est servi par une basse habilement placée sur le morceau.

Plus original, Undisclosed Desires est également plaisant alors qu’il s’agit d’un morceau aux accents franchement R’n’B. Une très bonne initiative de la part de Muse. On en arrive ensuite à United States of Eurasia (& Collateral Damages), premier titre qui avait été dévoilé au public, montrant ce que le groupe a de meilleur lorsqu’il laisse libre cours à ses inspirations musicales.

Evidemment, nombre de critiques générales de The Resistance vont vous ressortir les habituelles remarques de « copie », détournement », « plagiat » sur la musique de Muse. Probablement à juste titre. Mais si c’est pour faire des titres de la trempe d’Uprising, on en redemandera. Le problème, c’est que non: on est loin d’avoir cette qualité sur toutes les pistes. Et après United States of Eurasia, on sombre lentement mais sûrement dans… le grand n’importe quoi. Car les quatre premiers titres ont ceci d’agréable qu’ils balaient le spectre d’un album entier. Et The Resistance aurait très bien pu se terminer sur le solo de piano de Collateral Damages, bouclant ainsi une succession parfaite de morceaux. Mais il n’en est rien, et le Muse qui suit est le Muse détestable, quand sa grandiloquence mène à l’ennui. En réalité, comme l’effet de surprise du début d’album est passé, on est moins sensible aux explosions sonores, montées vocales et autres solos d’instruments. Et le triptyque final Exogenesis, malheureusement ce n’est que cela. C’est dommage, alors que (j’insiste) United States of Eurasia (& Collateral Damages) aurait pu être le Knights of Cydonia de The Resistance. Au lieu de cela, nous avons par exemple un Guiding Light inutile ou I Belong To You (Mon coeur s’ouvre à ta voix) plaintif et larmoyant sans aucune sincérité.

On peut croire que je n’ai pas aimé The Resistance. Ce n’est pas tout-à-fait vrai. J’ai adoré les quatre premières pistes vous l’avez vu, mais prises dans un contexte général cela ne suffit pas. Car le reste de l’album n’est pour moi que l’expression de la mégalomanie de Muse dans ce qu’elle a de plus ennuyeux et inintéressant (alors qu’elle conduit parfois à des coups de génie). Dommage, car quatre pistes ne font pas le poids sur un disque qui en comprend onze, surtout quand le meilleur est au début.

2.5 / 5