David Bowie – Blackstar : un joli cadeau d’anniversaire

Plonger dans un album de David Bowie est un instant précieux, comme on déboucherait une bouteille de vin dont l’étiquette ferait d’avance saliver les amateurs. Et ce serait un euphémisme de dire que l’étiquette de Blackstar attire l’oeil. Vingt-cinquième album studio de l’artiste, composé de sept titres (« seulement », serait-on en droit d’ajouter) avec en ouverture l’éponyme Blackstar d’une durée épique de dix minutes.

Or, l’étiquette ne fait pas le vin. Et un nouvel opus du maître Bowie se déguste avec toute la justesse qu’il se doit. Ce qui ressort de l’album, c’est d’abord son ambiance : sombre, inquiétante, presque angoissante. Trois éléments majeurs viennent la caractériser. La rythmique particulière, rapide, parfois stressante (Girl Loves Me); les cuivres, trompette et saxophone (‘Tis A Pity She Was A WhoreLazarus, Dollar Days) ; et le chant, lui aussi irrégulier (Sue (Or In A Season Of Crime)). De tout cela évidemment, le morceau-amiral se fait largement écho, tandis qu’un Girl Loves Me ne convainc définitivement pas. Les autres pistes nourrissent cet ensemble en mettant l’une des facettes du disque en avant.

Mais d’une manière générale, on ne va pas se mentir : Blackstar donne beaucoup dès le début, et roule un peu sur ses acquis par la suite. I Can’t Give Everything Away, qui termine l’album, semble même être en pilote automatique par certains moments (l’arrivée de la guitare électrique y est néanmoins salvatrice). S’il fallait retenir une piste on choisirait sans hésitation Lazarus (et Dollar Days juste après) magnifiquement habitée par le charisme de David Bowie et l’ambiance « jazz expérimental » qu’il a voulu dégager pour ce qui restera un grand cadeau d’anniversaire, pour lui comme pour ses fans : Blackstar sort le jour de ses 69 ans. Et définitivement, tout le monde ne peut pas se permettre ce petit moment de satisfaction.

[Mise à jour] Quelques jours seulement après la sortie cet album et sa chronique, c’est avec une immense tristesse que l’on apprenait le décès de David Bowie, après 18 mois de combat contre le cancer. Cela donne à Blackstar — ainsi qu’à ses clips — une émotion toute particulière ; à jamais.

3 / 5