Coldplay – X&Y

Et bien voilà; c’est la fin d’un cycle, d’une période d’attente plus ou moins insoutenable, ponctuée de bonnes et de moins bonnes surprises concernant le prochain album de Coldplay. C’est l’heure de la critique détaillée, du verdict personnel, de la remise en question qui intervient à chaque album d’un groupe qui me tient particulièrement à coeur. Action…

Square One : douce intro (« rencontre du troisième type » ^^), voix posée de Chris Martin et instruments habituels du groupe pour finir, c’est parti pour un 3e album déjà bien rôdé aux techniques des grands noms de la musique. Rien à redire sur ce titre, plaisant mais sans tellement forcer le talent.
A 4’07 », un final acoustique-voix nous rappelle encore quelques vagues souvenirs de Coldplay, d’une autre époque.

What If : voix et piano, avant l’inévitable arrivée de la guitare de Jon et de « whouhouhou » sur le refrain. Première chanson love de l’album. Couplet-refrain-couplet-refrain-refrain intensifié-fin : un cas d’école de musique.

White Shadows : il y a quelque chose dans ce titre qui m’a toujours plu, dès la première écoute. Est-ce sa rythmique particulière, assez vive? son petit riff de guitare tout en alternance? Son démarrage à 2’07 »? Son refrain limpide? Peu importe, c’est encore une chanson carrée, bien faite, efficace. Avec sa pause synthé-orgue à 4’23 », qui annonce le final avec la voix.

Fix You : encore le synthé, et une voix perchée un peu plus haut (pas le meilleur pour commencer une chanson). Paroles limpides et entrée de la guitare sèche à 1’45 », encore une fois un « beau geste » musical efficace. Rupture à 2’36 » avec guitare électrique et un vocal original à 3’32 ». Et un imparable final au piano-voix. Sans changer radicalement de style dans la chanson, le morceau passe tout seul.

Talk : entre la version album et les premières diffusions entendues en public ou ailleurs, des changements ont été faits, au bénéfice de la version album. Emportée par un excellent refrain, Talk se hisse finalement au rang des plus entraînantes chansons. Ici la voix haut perchée de Chris Martin est adéquate, alternée avec le riff de guitare simplissime et remarquable. Une rupture classique à 3’28 » annonce sans prendre de précaution que le morceau va repartir, un peu plus durement d’ailleurs, pour un final d’exception. Les amateurs de concert seront aux anges. Talk est un hit.

X&Y : le titre éponyme est également un exemple de construction musicale parfaite. Sur un thème déjà entendu sur Fix You, sur des « ouhouh ouhouh ouhouh » désormais reconnaissables, sur des instruments inchangés mais avec la bonne surprise d’entendre une basse bien présente, Coldplay sort cette fois-ci sa chanson la plus évoluée, paradoxalement. Jusqu’à maintenant, s’il faut caractériser le son de l’album X&Y, c’est par référence au titre X&Y, où l’on entend l’arrivée des violons pour un final en douceur, marquant une nouvelle étape.

Speed of Sound : l’erreur vient sans doute d’avoir enchaîné Speed of Sound après X&Y, sonnant comme un retour en arrière désagréable et déroutant. Le piano à la Clocks n’atteint pas le niveau d’une des chansons phare du précédent album. Le refrain un ton au-dessus n’a rien de transcendant. Trop classique.

A Message : acoustique en intro, et pourtant, rien à voir avec du Parachutes. Le morceau s’enrichit instrumentalement peu à peu, mais ne prend pas pour autant de consistance en terme d’originalité ou de qualité. A Message me fait penser à A Whisper, la chanson que l’on oublie facilement du précédent album.

Low : un démarrage pour le moins inattendu puisque très vif par rapport aux titres précédents. Mais pour la troisième fois, il manque le « truc en plus » qui fait que même l’envolée de la fin n’a pas de saveur.

The Hardest Part : une sensation de déjà-entendu se profile à l’écoute de l’intro de ce morceau, au même moment le ton aigü de la voix de Chris Martin ne fait plus aucun effet. Une certain lassitude s’empare de moi, tout autant qu’une envie de renouvellement. Allez, un effort.

Swallowed In The Sea : un petit peu d’espoir avec ce titre qui relance quelques techniques musicales pas encore épuisées par le groupe (mais déjà utilisées sur X&Y), notamment la construction vocale progressive. On touche à la fin.

Twisted Logic : un rythme lent et lourd, voici une chanson de fin que l’on ne connaissait pas encore à Coldplay. Chris Martin pose correctement sa voix, et les instruments prennent des tournants originaux. Si l’on ne peut pas dire que le titre soit un must, il a le mérite de s’inscrire dans l’évolution du groupe. Cette évolution qui ne me plaît pas, mais pas encore au point de dégouter le fan de la première heure.

Til Kingdom Come : tellement annoncé que l’on ne me fera pas croire que c’est un bonus track, mais bien une chanson à part entière de l’album. Et quel choc de fin pour moi! C’est le Coldplay que je retrouve, un titre acoustique que l’on croirait sorti de vieux tiroirs de 1999. Une ballade country sympathique. Allez, oui, après tout, ce titre n’a rien à voir avec le reste de l’album, ça serait un trop beau compliment pour X&Y

Alors, l’écoute de ce Coldplay fut éprouvante. Un constat s’impose : la première partie de l’album tient toutes ses promesses. La seconde sombre dans le réchauffage et l’inconsistance classique. Mais un seul qualificatif écrase tous les autres possibles à propos de X&Y : l’efficacité. Oui, Coldplay nous a encore fait de très bonnes chansons. Seulement voilà, il n’y a plus de ces sentiments qui envahissaient toute l’écoute de Parachutes ou même, dans une moindre mesure, A Rush of Blood to the Head. Que des bonnes chansons, simplement.

A mon sens, Coldplay a perdu son âme. Mais qu’importe après tout, nous aussi…

2.5 / 5
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