PIFFF 2014 – les courts métrages français

Depuis la création du PIFFF, les compétitions de courts-métrages sont l’occasion de découvrir des talents émergents, comme Jiminy, le film d’Arthur Môlard qui a fait l’unanimité l’année dernière en remportant les trois prix de la compétition française (prix Ciné + Frisson du meilleur court-métrage français, prix du meilleur court-métrage français remis par le jury du festival, et l’Œil d’or du meilleur court-métrage français, attribué par le public, qui vote à la fin de la séance).

La compétition française 2014

The sunboy de JP Bouix

Un petit garçon, solitaire et naïf, voit en son père la représentation d’une terrible bête qui dévaste son royaume imaginaire.

Conte cruel, métaphorique et singulier, le film de JP Bouix est visuellement très beau (très gros travail sur la bête, graphique et terrifiante), mais trop juste dans son traitement d’une histoire difficile. Il manque peut-être une conclusion moins ouverte, pour pleinement adhérer au propos du film, déjà développé mille fois ailleurs. 2,5/5

Noct de Vincent Toujas

Jay, récemment insomniaque et loin de toute émotion, est en proie à une présence étrange, qui deviendra son bourreau, mais aussi son libérateur.

Autre film de monstre de la sélection, le film de Vincent Toujas jouit de la participation du maquilleur d’effets spéciaux David Scherer (L’étrange couleur des larmes de ton corps, Horsehead, Blackaria…) qui crée une fois de plus une sublime créature, d’une beauté stupéfiante. Dommage que le film, trop classique, ne nous embarque que rarement dans son histoire d’insomnie. 2,5/5

Shadow de Lorenzo Recio

Taipei. Xiao Shou est un garçon timide qui exerce le métier de montreur d’ombres itinérant. Un jour, il croise la sublime Ann dont il tombe immédiatement amoureux. Mais un terrible accident va plonger le jeune homme dans un monde de ténèbres.

Shadow est une petite réussite réjouissante. Un accident plus drôle qu’effrayant, une histoire d’amour contrariée touchante, et une transformation physique déchirante (jamais vue, ou presque). Le film de Lorenzo Recio déchire le cœur, et se finit sur une touche amusante pleine d’espoir. On sourit, on est ému, contrat rempli. 4/5

Puzzle de Rémy Rondeau

Un vieil homme se sent seul depuis la mort de sa femme. Pour tromper l’ennui, il se plonge dans la construction de puzzles. Un jour, sur le pas de sa porte, il trouve une boîte mystérieuse.

Véritable perle de la sélection, partant sur un postulat identique à celui de Lost Highway de David Lynch, le film de Rémy Rondeau (qu’on espère voir passer au long-métrage rapidement), est un film d’angoisse très efficace. Pourtant, les ficelles du cinéma d’horreur sont les mêmes que d’habitude (deux ou trois jump scare, apparition dans le champ, musique inquiétante, solitude du personnage principal, interprété par Philippe Laudenbach…), mais le tout fonctionne, sûrement dû au format court, qui va à l’essentiel, en n’utilisant aucune esbroufe. Vraiment effrayant, Puzzle est un grand petit film d’horreur. 4,5/5

Lune noire de Gallien Guibert

Une île. Trois hommes. Un vieux manuscrit. Une marche funèbre vers la folie.

Rien d’extraordinaire ici malheureusement. Film d’aventures trop basique, d’une grande banalité. On retiendra que le tournage s’est réalisé en région parisienne (petit tour de force à la vue des images de la forêt tropicale) et qu’Oxmo Puccino fait de la figuration, alors qu’il était potentiellement le personnage le plus intéressant du lot. Belle créature cependant. 1,5/5

La maison de poussière de Jean-Claude Rozec

Lentement, les mâchoires d’acier dévorent la vieille tour HLM. Une ancienne occupante s’engouffre dans les décombres, à la poursuite d’enfants imprudents. Commence alors un drôle de voyage au cœur de cette « maison » qui abrite tant de souvenirs…

Cette année, la compétition française accueillait pour la première fois un film d’animation. Un joli film mélancolique, qui brise le cœur. Et qui en dit long sur l’urbanisation galopante, au détriment de la poésie et du rêve. 4,5/5

La momie de Lewis Eizykman

Un homme statue déguisé en momie fait la manche tous les jours au même endroit, prêt à tout pour gagner quelques pièces de monnaie.

Minimalisme et philosophie au rendez-vous. Joli noir et blanc, pas de gras, et une fin originale. On n’est pas forcément embarqué, mais il faut reconnaître une beauté visuelle à cette histoire de momie qui fait la manche. 3/5

Palmarès

Œil d’or du court-métrage français (prix du public) : Puzzle de Rémy Rondeau
Prix du jury du meilleur court-métrage français : Puzzle de Rémy Rondeau
Mention spéciale du jury : Shadow de Lorenzo Recio
Prix Ciné + Frisson du meilleur court-métrage français : Shadow de Lorenzo Recio

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