Mustang

Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs 2015. Lauréat du Label Europa Cinéma.

Deniz Gamze Ergüven est une ancienne élève de la FEMIS. Mustang est son premier long métrage, co-écrit avec Alice Winocour. Il raconte l’histoire de cinq jeunes filles indomptables à la longue crinière (d’où le titre du film qui rappelle les chevaux) dans la Turquie rurale d’aujourd’hui.

Pour Lale, Nur, Ece, Selma et Sonay, cinq soeurs, c’est la fin de l’année scolaire et l’occasion d’une baignade avec leurs amis. Mais que n’ont-elles pas osé ? Monter sur les épaules de garçons, quelle indécence dans ce petit village ! On les prend pour des traînées d’avoir frotté leur entrejambe contre des nuques d’hommes. Direction l’hôpital pour vérifier qu’elles sont encore vierges. Enfin, il va falloir les marier vite-fait, bien-fait.

Le décor est planté, on va nous parler de la place des femmes en Turquie et nous raconter l’histoire d’un désir viscéral de liberté :  c’est également un récit initiatique. Étonnamment, c’est Lale la plus jeune qui sera notre guide dans cette quête. Le film est inspiré de faits réels, vécus par la réalisatrice mais romancés : les réactions des filles sont comme un exutoire pour elle.

En quoi ce film est une immense réussite, me demanderez-vous ? En voici quelques raisons : d’abord, le casting est incroyable. la réalisatrice a réussi à dénicher cinq bombes, elles se ressemblent tant qu’on peut vraiment croire qu’elles sont sœurs et leur complicité est magique à l’écran. L’alchimie fonctionne et on veut bien croire que ce casting fut l’une des grandes difficultés du film. Ensuite, le montage est pensé pour ne jamais laisser au spectateur le temps de souffler. On est perpétuellement dans l’action, la réaction. Enfin, elle a créé des personnages attachants et très spécifiques ainsi que des situations tantôt drôles, tantôt tragiques. On rit avec cette fratrie, on pleure avec elle.

Pour illustrer son film musicalement, elle fait appel à Warren Ellis, australien, membre du groupe Nick Caves And The Bad Seeds. Il livre une musique teintée d’Orient et emprunte de fougue.

Avec sa dose d’inspiration mythologique, sa délicatesse, son intelligence et son efficacité, Mustang est un grand coup de cœur de cette Quinzaine des réalisateurs. Il confirme mon amour pour cette sélection, rarement décevante.

4 / 5
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