Godzilla

Godzilla! Le cri d’effroi d’un vieux japonais en 1998 (la dernière version occidentale par Roland Emmerich) restait dans les mémoires, cachant pour le reste pas moins d’une trentaine de films dérivés de l’original japonais de 1954. Godzilla, premier monstre parmi les monstres d’envergure de l’ère moderne, a inspiré de nombreux cinéastes, et la volonté de relancer la franchise côté USA était depuis longtemps imprimé chez Warner. Aucune surprise donc à les voir remettre le couvert cette année avec aux commandes Gareth Edwards, l’auteur de MONSTERS en 2011, film low cost très réussi et avec aussi de grandes bestioles (conditions d’admissions remplies, donc).

Et c’est une première réussite. Dans la nouvelle génération de cinéastes américains à qui l’on confie les commandes des blockbusters, Gareth Edwards a donc fait son CV tout seul. Et c’est bien ce que l’on retrouve ici. Un réalisateur honnête, conservant sa « patte » (beaucoup de mystères, un style documentaire filmant souvent de loin) au milieu de l’enfer des gros films à l’américaine, et qui parvient à trouver un équilibre entre hommage (Spielberg n’est jamais loin, forcément) et son histoire. Avec une esthétique rétro (surtout s’inspirant des premiers films japonais) , une photographie sublime et sa façon d’englober son récit dans un vrai environnement, Edwards nous donne envie de photographier chaque plan du film. Loin des nouveaux réflexes d’Hollywood, GODZILLA se trouve donc un nouvel auteur, qui soigne chaque détail. La créature en elle-même est un subtil mélange de numérique et de relectures d’un Godzilla à l’ancienne.

Et quitte à provoquer une petite frustration, ne s’approchant que peu de l’action principale, conservant ses personnages en spectateurs d’une plus grande histoire, Gareth Edwards parvient à trouver sa place là où on s’attend pas toujours à avoir une vraie vision. Seul bémol, un scénario somme toute classique qui ne délivre pas de grandes surprises. Finalement assez classique dans son déroulement, GODZILLA version 2014 se révèle bien plus profond que l’essai d’Emmerich, mais laisse perplexe.

Basé sur nos concepts de films de monstres (et le dernier Warner en date, PACIFIC RIM, délivrait de ce point de vue un résultat très efficace), on aurait aimé se rapprocher plus des enjeux d’un tel film. Si la dernière idée du film est sans doute trop appuyée, l’ensemble se révèle très riche et peut laisser espérer un bel avenir à ce jeune réalisateur propulsé parmi les plus demandés du moment.

3 / 5