A gente

Festival du Film d’Amiens 2013

Aly Muritiba a travaillé pendant sept ans dans une prison au Brésil où il faisait partie de l’équipe Alpha. Après avoir étudié le cinéma et réalisé quelques courts métrages, Aly reprend son ancien travail afin de pouvoir filmer ses anciens collègues. L’équipe Alpha est constituée de vingt-huit personnes, des hommes et des femmes d’origines et de milieux divers, qui se chargent de milliers de criminels. Walkiu devient le chef de l’équipe mais se rend rapidement compte qu’il a les mains liées.

Documentaire qui conclue une trilogie carcérale. Les deux précédent volets étaient A Fabrica (en compétition courts-métrages au Festival d’Amiens 2011) et Patio, film expérimental (Semaine de la Critique, Cannes 2013). Documentaire en immersion totale dans une prison brésilienne. Huis-clos qui prend le point de vue des gardiens de la prison. On les suit dans leur quotidien et leurs idées concernant leur travail.

L’idée est loin d’être inintéressante. Mais le huis-clos dans un tel cas devient vite ennuyant. En effet, le fait de filmer souvent les mêmes actions provoque des répétitions. Un cycle auquel sont aussi dévoués les gardiens de la prison. Le documentaire présente ces gardiens dans leur travail mais pas que, car on peut également découvrir leurs théories envers le système.

On y verra des chefs qui ont leurs propres méthodes, pas toujours en concordance avec celles voulues par la haute direction. Mais cela ne sera mentionné que deux fois dans le film. C’est là que le documentaire devient long et inintéressant. Car on suit les gardiens de la prison dans des faits, des actions. Jamais il n’y aura de médiations pour connaître leur avis, pour savoir leur caractère face à leur métier.

Quand on voit certaines scènes où les gardiens sont confrontés aux détenus, même s’il n’y a pas de contact physique (tout est verbal), il y manque des réactions. La caméra de Aly Muritiba ne sert alors que de témoin face au quotidien des gardiens de la prison. Quelques beaux plans et quelques angles sortiront du lot. Mais on remarque bien que la volonté du cinéaste n’est autre que montrer, et rien de plus.

On se croirait chez Depardon, où le cinéaste fait oublier sa caméra à ceux qu’il filme. Comme s’il capturait ende manière voyeurisme le quotidien de ces gardiens de prison. Le pire avec ce film, c’est qui est annoncé dans le pitch. On ne sera jamais livré à voir l’influence des divers milieux dont sont issus les gardiens de prison. Il aurait été peut-être intéressant d’y voir une quelconque influence socio-politique. Surtout quand on note que la scène dans la cour de la prison ne dure pas plus de deux minutes.

Enfin, à aucun moment on ne sent que le cinéaste a travaillé dans cette prison. L’ambiance est à la démonstration classique. Jamais on croirait que Aly Muritiba fut gardien de prison. On dirait que le cinéaste filme ses anciens collègues comme pour leur rendre hommage lors d’un montage vidéo en mariage. Sauf que le film aurait pu avoir plus de valeur par rapport aux personnes filmées, le film aurait pu dénoncer, ou il aurait pu créer n’importe quelle sensation chez le spectateur. Mais rien de tout cela. Juste un suivi bête dans les couloirs de la prison.

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