Zoology

Il n’est pas toujours aisé de mélanger le drame pur (avec ce que cela contient de romance) et une sorte de fantastique. Dans ZOOLOGY, tout part d’une idée folle qui devient rapidement le centre de la tragédie. Dès les présentations, la dureté sociale est exprimée : femme protagoniste d’âge mûr en marge, célibataire qui vit toujours chez sa mère, vivant le quotidien de l’humiliation sociale. Le long-métrage montre alors un personnage prisonnier de sa propre existence, enfermée dans une vie ordinaire et monotone. Cependant, l’idée de Ivan I. Tverdovsky est de bouleverser cette existence en y ajoutant une différence.

Le film s’articule en deux parties distinctes. Même à travers les affres du quotidien qui naviguent sur tout le film, la première partie s’exprime de la narration d’une gêne / d’un désir de se détacher d’un décor et d’une fatalité. Dans une seconde partie, il s’agit d’intégrer pleinement cette soudaine différence pour amorcer l’indépendance, pour se construire sa propre histoire unique en dehors du commun et échapper au monotone. La seconde partie est l’opposé radical de la première partie, telle une transformation pour redéfinir l’identité d’une protagoniste perdue dans son existence.

L’esthétique arrive pleinement à traduire cette idée de deux parties opposées. D’abord dans des décors qui vont évoluer et devenir leur propre paradoxe. Dans chaque espace, il se crée une transformation, par un contraste de la lumière et des couleurs. Ce qui était chaleureux devient froid, ce qui était clinique devient une force, et ce qui était convivial devient le rejet. Les sensations et les émotions apportées au début dans chaque espace, changent pour redéfinir une nouvelle identité, comme s’il fallait presque construire un tout nouveau personnage.

Cependant, le long-métrage se perd dans son montage et sa mise en scène. Alors que le film a un réel désir esthétique, le montage se perd dans l’outrance d’une bienveillance. C’est là que le montage et la mise en scène se connectent : il s’agit tout le long de créer un surplus de bons sentiments et de forcer l’empathie (la scène de danse est immonde). Mis à part quelques fulgurances intéressantes, parfois placées dans l’humour et le plus souvent dans des situations – presque – abstraites (à la limite du fantastique ou de la folie), le film n’arrive pas à creuser profondément les attitudes et le ton de la recherche d’une identité.

Il y a, à la fois dans le montage et dans la mise en scène, l’intention d’agencer une sorte de quête, d’une lente progression. Toutefois, les deux parties fonctionnent sur des cycles : la première partie se termine sur une implosion émotionnelle, tandis que la seconde partie s’essouffle dans l’enchaînement de plans courts qui renvoient directement à ceux de la première partie, mais avec une esthétique différente tout en cherchant à offrir les mêmes attitudes. Sauf que l’ambiance ne suffit pas à elle-même, et que les espaces avec leurs habitudes gestuelles doivent également être transformés pour trouver un nouvel élan.

ZOOLOGY de Ivan I. Tverdovsky.
Avec Natalya Pavlenkova, Zhanetta Demikhova, Ella Sanko, Aleksandr Gorchilin, Masha Tokareva, Dmitriy Groshev, Irina Chipizhenko, Olga Ergina.
Russie, Allemagne / 83 minutes / 2017.

3 / 5