Wrong

Tout faux. Dupieux, Quentin, réalisateur français connu pour ses premiers films décalés et absurdes, aussi bien que pour ses sets électros reconnus sous le nom de Mr. Oizo. Côté ciné, nous avons STEAK, sorte de Beverly Hills à mi-chemin entre les sketchs d’Eric & Ramzy (qui jouent dedans) et du David Lynch sous acides. Et puis RUBBER, farce absolue et infinie sur un pneu vengeur. De ce dernier film, rapidement devenu culte, Dupieux a acquis un nouveau statut de réalisateur attendu. Et c’est de nouveau avec un Objet Filmique Non Identifié qu’il nous revient, un projet WRONG s’ouvrant avec un film (celui-ci) et une série de courts métrages qui, rassemblés, formeraient un WRONG COPS (film à suivre donc).

Cette projection avait lieu dans le cadre du Creators Project : Paris 2012, festival multi-culturel qui se déroule du 19 au 24 Juin.

WRONG

C’est l’histoire d’un homme qui ne retrouve plus son chien. Son jardinier, au fort accent français, plante des arbres sur des talus. Une réceptionniste est amoureuse des deux sans s’en apercevoir. William Fichtner a une tresse, et fait dans la psychologie homme-chien. Les chiens sont télépathes. Un homme roule dans une voiture jaune sans s’arrêter.

Dupieux explore, fouille, cherche. Il pose sur l’écran l’absurdité d’un monde absurde, moderne mais rempli de non-sens. On regarde, on se demande, on attend. Si RUBBER était plus linéaire et plus construit, WRONG joue sur les contre pieds du scénario. Autour du personnage principal, seul à avoir sa constante (trouver son chien), le monde alentour est juste… faux. Les comportements, les dialogues, les rencontres sonnent comme décalées, à la masse. Comme une série d’expériences sociales sans raison, qui vont à l’encontre de nos attentes. Pas si inattendu comme postulat pour un Dupieux, et pourtant il créé un film décomposé qui peut lasser.

WRONG confirme tout le talent de Dupieux, tour à tour chef opérateur, réalisateur, monteur et scénariste de son propre film. Dans son univers, le cadre est joli, posé, calculé. Rien à redire de ce côté là, mais ce film semi-expérimental, moins absurde sur la forme qu’un RUBBER, n’en est pas moins une curiosité plongeant en plein Amérique. A côté du désert de RUBBER, il y a donc la banlieue et les jardins carrés des pavillons de l’Amérique profonde. Dupieux déplace son cadre, mais n’en perd pas sa raison de faire. Reste, au-delà du postulat même, une nouvelle tentative de nous confronter à un cinéma original. Plaisant, mais moins réussi qu’un RUBBER.

WRONG COPS – Episode 1

De l’univers de WRONG, Dupieux réalise plusieurs appendices globalement intitulés WRONG COPS, et dont le premier épisode était proposé. On y retrouve, cette fois ci, un des policiers croisés dans WRONG. Un homme de loi, imposant et peu aimable, dont l’activité principale est d’écouter une forte musique électro tout en revandant de l’herbe cachée dans des rats morts. Toujours absurde et fou, Dupieux fait jouer Marylin Manson en adolescent en culottes courtes (il est excellent!) pour un court métrage dynamique et satirique. Le ton et la forme, plus accessible, font penser à un clip version longue. L’univers de WRONG peut donc se développer dans un style un peu différend, toujours drôle et original.

2.5 / 5
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