La voie de l’ennemi

Casting et tournage américain pour Rachid Bouchareb (INDIGENES), qui n’en est pas à son premier passage aux Etats-Unis mais convoque ici deux grands acteurs d’Hollywood : Forest Whitaker et Harvey Keitel. Deux figures pour un drame en plein désert, un film aride d’où ressort une Amérique divisée.

Dans un environnement presque clos (un coin perdu à la frontière mexicaine), Garnett tente de retrouver un semblant de vie après 18 ans de prison. Mais c’est sans compter la réalité qui le rattrape, notamment avec la pression d’un shériff dont il a tué l’adjoint. Difficile de renier sa nature profonde quand le système fera tout pour faire replonger, et si le film traite de réhabilitation et de rédemption, il ne trouve aucune excuse lorsque le personnage central, perdu, commencera à flirter avec les limites de sa conditionnelle. Dans LA VOIE DE L’ENNEMI (remake de DEUX HOMMES DANS LA VILLE), Bouchareb nous présente une galerie de personnages marqués par la vie mais qui peuvent à tout instant passer du bon comme du mauvais côté de la loi.

Aucun manichéisme dans ce polar en terre désertique, qui sait exposer les pressions du passé ou de la société civile pour nous présenter des portraits brisés. Et si on ne saura jamais qui est le vrai héros de l’histoire, on retiendra au final la volonté du personnage central de tout faire pour revivre… quitte à plonger de nouveau.

3.5 / 5