Valhalla Rising – Le Guerrier Silencieux

Retrouver Nicolas Winding Refn après Bronson, c’était revenir vers un réalisateur percutant, qui a le mérite de construire des films autour de fortes personnalités sans trop se préoccuper du reste. A ce titre, Bronson avait déçu. Et voilà un vrai film courageux, celui sur des vikings purs et durs, sur une violence crue et incisive, sans concession.

Valhalla Rising (on oublie le titre français complètement mièvre) est surtout la poursuite d’une collaboration, celle d’un réalisateur avec son acteur fétiche, Mads Mikkelsen, devenu entre temps une star internationale. Mikkelsen joue ici un guerrier sans paroles et borgne, captif d’un clan de vikings le faisant jouer de dangereuses joutes avec des clans adverses. S’échappant, ce fameux One-Eye entraîne avec lui un jeune garçon innocent dans un voyage vers les confins du monde connu. Avec quelques acteurs et un bout de terre perdue, Refn nous rejoue la découverte du nouveau monde par des vikings ignorants de la réalité des choses. Dans un monde où mystique et religieux s’affrontent pour le bien commun, One Eye est une énigme. Solitaire et sans réelle volonté, il se contente de survivre sans but, luttant lorsque c’est nécessaire et s’effaçant la plupart du temps.

Voilà un film hypnotique, mystérieux, où l’action repose sur quelques visages et une nature entière et unie. Reprenant l’homme dans une monde où il n’était encore qu’un enfant, le réalisateur tisse une toile profonde, sans effets supplémentaires que ce soit dans l’hostilité des montages du Nord de l’Europe, ou en bordure des terres vierges du Nouveau Monde. One Eye ne parle pas, mais laisse la parole aux autres, prêcheur de religion ou guerriers tout en force, nageant dans leur délire propre sans vraiment chercher à comprendre ce qui se déroule sous leurs yeus. A ce titre, Valhalla Rising est un choc artistique dans le choix d’une certaine violence crue des propos, s’appliquant à tout conquistador ivre de pouvoirs se vidant lentement de sa substance. Si l’âpreté du propos est réjouissante, le film retrouve rapidement les défauts de language d’un Bronson qui était ni plus ni moins qu’une pré-version de ce que l’on découvre ici, soit un film démontrant de vrais choix visuels devant une arrogance du propos, qui impose une vision un peu anarchique d’un film qui manque au final d’un certain contenu.

Si on peut applaudir la volonté d’aller chercher un sujet fort, son auteur a oublié en chemin de trouver une histoire, et préfère voir ses personnages vociférer des dialogues obscurs censés nous guider vers un certain sens mystique à la 2001 (c’est apparemment la comparaison retenue). Ce qui doit être le cas ici…