Tusk

Avant d’aborder le dernier film de Kevin Smith, grand gourou de la culture geek, il convient de remettre le film dans son contexte.

Smith depuis 2007, présente un podcast avec son acolyte Scott Mosier (qui a joué dans tous ses films). Dans un épisode datant de juin 2013, intitulé « The Walrus and The Carpenter », Smith et Mosier partent dans un délire autour d’une petite annonce (soi-disant réelle) d’un homme, ayant survécu à un naufrage, cherchant un colocataire. Dans cette petite annonce, l’homme explique que ce colocataire… devra passer deux heures par jour dans un costume de morse. Oui, oui. Dans un costume de morse. L’homme a en effet, après ce naufrage, noué une relation avec un morse, et explique qu’il s’agissait là de son amitié la plus puissante, au-delà de ce qu’il a jamais vécu avec un être humain. L’histoire semble improbable, mais ce qui l’est encore plus, c’est que Smith et Mosier échafaudent au fil de leur émission une idée de pitch pour un film, et demandent à leurs auditeurs de voter pour que le film se fasse ou pas. Les partisans du pour, votent sur Twitter avec le hashtag #WalrusYes, les sceptiques utilisent quant à eux #WalrusNo. Et bien entendu, c’est le #WalrusYes qui l’a emporté, sinon vous ne seriez pas en train de lire cet avis.
Le célèbre et populaire podcaster Wallace Bryton (Justin Long qu’on a découvert dans Galaxy Quest (1999) et Jeepers Creepers (2001)) est comblé. Une émission qui cartonne, une petite amie sublime, une vie comme il l’a toujours rêvée. Dans le cadre d’une émission, il se rend au Canada pour interviewer un jeune garçon star d’une vidéo. Quand il arrive sur place, il assiste aux funérailles du garçon, qui s’est suicidé deux jours plus tôt. Wallace se retrouve sans sujet, et tombe par hasard sur une annonce dans un bar. Un vieil homme cherche un colocataire, en échange d’histoires épiques.

Le vieil homme, incarné par le charismatique Michael Parks (le Texas Ranger Earl McGraw dans Kill Bill : volume 1 (2003) et Une nuit en enfer (1996)), est rapidement inquiétant. Trop cultivé, trop souriant, trop prolixe. Et surtout, un peu trop fasciné par les morses. Wallace tombe dans les vapes après avoir été empoisonné par le vieil homme, et le piège se referme : Il sera charcuté et transformé en morse.

Autant être honnête, Tusk est ultra con, complètement chtarbé, et ne va pas plus loin que son pitch. Et tant mieux. Quel intérêt d’en rajouter, quand le scénario de base est déjà bien What The Fuck ? Le réalisateur de Clerks se fait plaisir avec un film de monstre, qui fait à la fois penser au mythe de Frankenstein, et à The Human Centipede. Deux histoires de scientifiques fous, qui tentent de recréer la vie. Smith y ajoute une dimension délirante, et moins glauque que dans The Human centipede.

Les premiers échanges entre Wallace et le vieil homme peuvent paraître inquiétants, mais très vite cet aspect est effacé par un humour féroce. Le film ne se prend pas au sérieux (difficile avec un tel point de départ), y compris dans ses digressions, lorsque la caméra s’éloigne des deux protagonistes principaux. Tusk souffre comme un grand nombre de films récents, d’un montage alterné entre la mésaventure de Wallace et l’histoire de sa petite amie (la muy caliente Genesis Rodriguez, qui jouait aux côtés de Will Ferrell dans Casa de mi Padre (2012)), qui le trompe avec son comparse podcasteur (Haley Joel Osment qui a pris 150 kilos depuis Sixième sens (1999)). Les deux histoires tiennent la route chacune de leur côté, uniquement car elles se rejoignent plus tard dans le film. Et le personnage de Guy Lapointe (Guy Lapointe) apporte une touche comique hilarante, pour qui est friand de l’acteur grimé dont on ne dévoilera pas l’identité ici.

Tusk fonctionne si l’on suspend son incrédulité le temps du film, et surtout si l’on est réceptif à cet humour et cet univers bien débiles. Le réalisateur de Dogma s’amuse, s’offre une récréation anodine, mais franchement drôle.

#WalrusYes

4 / 5
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