The Road to Mandalay

Après deux documentaires, le cinéaste Midi Z revient avec une fiction. THE ROAD TO MANDALAY n’est pas un film anodin, parce qu’il fait beaucoup parlé par sa forme et sa mise en scène. Dans le fond, certains semblent ne pas avoir compris de quoi il s’agit ; il faut dire aussi que le réalisateur semble avoir apprécié créer un montage qui hypnotise et fait languir le spectateur. Cette manipulation est du tout ou rien : soit on aime, soit on déteste. Il n’y a pas de juste milieu avec ce film, même si Midi Z a plutôt opté pour une épuration totale de sa forme afin de pouvoir toucher un public plus large. Sans artifice et sans style trop appuyé, la forme est un long fleuve tranquille qui coule doucement pour à la fois faire participer le spectateur (il cherche les éléments) et le bouleverser dans un montage radical.

En effet, le long-métrage navigue entre deux histoires qui s’entremêlent. La première est une intrigue universelle : une jeune femme entre clandestinement dans un autre pays que le sien, et essaie par tous les moyens d’obtenir des papiers pour trouver du travail et avoir une vie convenable. Toute la cruauté du système se fait ressentir dans l’ambiance, ainsi que la radicalité esthétique qui confronte frontalement la protagoniste avec ses malheurs et ses obstacles. En parallèle, Midi Z développe un mélodrame entre la protagoniste et un jeune homme qu’elle rencontre durant son voyage du début. Amour maudit, amour impossible, amour interdit et amour refusé. Leur relation passe par tous les états, dans un ton bienveillant et parfois érotique (on apprécie particulièrement trois plans oniriques où les corps sont mis à l’épreuve).

Néanmoins, à part ces trois plans passionnants, le reste n’est qu’un cycle de non-prise-de-risques et d’une modestie qui finit par rester en surface. A force d’user de plans fixes en plans séquences, le long-métrage se perd dans une mise en scène qui n’a déjà pas beaucoup à montrer. A de nombreuses reprises, le film semble utiliser ce procédé pour qu’une fausse stabilité s’installe. Or, la mise en scène est vite essoufflée dans le plan séquence, et l’esthétique ne parvient pas à créer un rythme conséquent au mélange des deux intrigues. Malgré une volonté romanesque dans le montage des plans séquences, la sociologie à l’intérieur des plans n’est pas aussi détonante qu’espéré, même si une certaine subtilité se fait ressentir à diverses reprises lors de rapport de force entre personnages. Un film clairvoyant sur une situation sociale d’actualité, mais bien trop sage et magnétique pour trouver son souffle.

THE ROAD TO MANDALAY de Midi Z.
Avec Kai Ko, Ke-Xi Wu, Wang Shin-Hong, Zhao De-Fu.
Birmanie,Taïwan,France / 108 minutes.

Festival International du Film d’Amiens 2016 / Compétition Officielle Long-métrages

2.5 / 5