The Lunchbox

Cannes 2013 – Semaine de la critique

Premier film indien d’un jeune réalisateur, The Lunchbox est loin de l’idée que les occidentaux que nous sommes se font du cinéma indien, loin de Bollywood. Il met en lumière un système de livraison incroyable qui permet à près d’un million de personnes de déjeuner depuis plus de 120 ans.

A Bombay, Ila prépare chaque jour le déjeuner de son mari. Il est livré comme un million d’autres dans sa lunchbox ou dabbawallahs. Mais un jour qu’elle tente de le séduire avec son art de la cuisine, ses plats arrive à Saajan Fernandez, un homme veuf et solitaire, sur le point de partir à la retraite. Ils commencent à s’écrire grâce à ces petites boîtes, à se confesser et à rêver d’une autre vie.

Mettre en scène une correspondance est l’une des plus belles idées du film. On assiste à ce qu’elle a de magique, l’attente. D’autres formes de communications peu ordinaires apparaissent dans le film. Ila parle avec une tante qu’on ne voit jamais vraiment, mais qui agit via un petit ascenseur artisanal, sorte de panier sur poulie. C’est sa confidence. Ila ne communique pas avec son mari qui la délaisse. Finalement, cette rencontre épistolaire agit comme un nouveau souffle pour elle. Dans le bureau de Saajan, il n’y ni ordinateur, ni gros calculateur et pourtant ses comptes sont justes depuis près de 35 ans. Mais chez lui, il n’a plus de femme à qui parler, il repousse le stagiaire qu’il doit former, les enfants qui jouent près de son domicile. Il trouve dans ses boîtes un réconfort et une oreille pleine de douceur. Chacun d’eux communique à sa façon à travers cet échange quotidien.

On découvre l’Inde autrement. Puis le film donne aussi faim. On voit Ila cuisiner, même magnifier ses plats. Elle aime son mari à travers son application dans cet art. L’actrice qui campe Ila est d’une beauté sage et captivante. Nous avions déjà vu l’acteur qui campe Saajan dans L’Odyssée de Pi. Tous deux sont excellents de justesse et de tendresse.

Le seul défaut du film est aussi l’un de ses atouts, on reste un peu frustré par sa fin, ouverte, où l’on peut s’imaginer les plus belles choses tant les mises en bouche sont savoureuses et touchantes.

Avec ce voyage dans Bombay, on découvre une culture, mais aussi une solitude universelle. Celle de l’amour qui s’est éloigné, car le mari trop occupé ou la femme décédée. Une énorme coup de cœur dont on retiendra l’essentiel en une citation : « Le mauvais train peut emmener à la bonne gare”. Et bien pour moi le voyage fut délicieux !

4.5 / 5