The Dark Knight Rises

Critique de MG

Plus qu’attendu, incontournable. THE DARK KNIGHT RISES sera, quoiqu’on en dise, le blockbuster de l’été, de l’année. Le colosse filmé, insurmontable, dernière pierre d’un édifice construit par Christopher Nolan et ses comparses depuis 7 ans et son BATMAN BEGINS. Au milieu, une perfection avec un THE DARK KNIGHT survolté, furieux et un Heath Ledger regretté. Cela fait beaucoup d’adjectifs, mais l’œuvre de Nolan n’est pas dénué de superlatifs en tous genres. Pourtant, ce RISES fait le jeu de la surexcitation ambiante, et s’il reste au-dessus de la concurrence pour l’année en venir, c’est bien la surenchère qui l’a tué. A commencer par celle de son réalisateur et de son duo de scénaristes. Un film somme, final en tous points, d’où transcende la volonté de clôturer à tous prix un pan d’histoire. Pas manqué, loin de là, mais perfectible ce RISES est donc un film aux oppositions fortes. Une continuité absolue sur le fond et la technique, qui ne peut cacher un scénario relativement indigeste et mal maîtrisé. Nolan sacrifie (métaphoriquement et personnellement puis qu’il ne fera pas de 4e volet) son héros sur l’autel d’une mise en scène grandiloquente. Le vertige des hauteurs du box office?

THE DARK KNIGHT RISES est du nouveau Nolan pur jus. Ce qu’on avait entrevu avec le DARK KNIGHT (simple), et admiré dans INCEPTION, voilà leur auteur dérouler : plans amples, amours des couloirs et des ville denses (building..), tout est taillé dans le massif et le solide. Gotham est ré-incarné dans une New York moderne (peu de doutes sur la gémellité des deux villes), sombre et désespérée. En cela, Nolan ne dévie pas de son principe de base : Wayne/Batman est là pour tenter de réparer à sa manière une ville qui descend lentement dans le chaos, gangrénée par la corruption et la mafia, et plus particulièrement ici le désespoir et la fatalité dans un contexte (extérieur) qui y fait écho. Si la mise en martyr d’un Harvey Dent pas si clean (voir épisode précédent) a permis à la ville de tenir huit années, Wayne n’est plus que l’ombre de lui-même (on ne l’avait pas quitté si cassé précédemment…), mais Batman a disparu. Jusqu’à l’arrivée en ville d’un mercenaire, Bane, chargé de mettre à sac la ville. La prise de Rome n’est pas loin. Assez (trop?) rapidement, Nolan raccommode cela au premier volume, à son BEGINS et son Empire des Ombres (et la moustache de Liam Neeson). Oui, pour terminer en grandeur, autant révéler que « tout est lié ». Dès lors, les ficelles sont grosses et le Batman perdu, pion dans un plan qui le dépasse. Bane (Tom Hardy, là encore imposant) a son plan, le Joker l’avait aussi.. Si Nolan replace sa partie avec tact, les manœuvres sont grossières et largement en-deçà des attentes après deux films étroitement liés dans leur thématique et leur évolution. Dommage, ce RISES a plutôt tendance à massacrer les transitions et la foultitude de seconds rôles au profit d’une histoire qui, malgré sa densité (2h45), ne décolle que peu. La faute à des dialogues à rallonge, bien mieux négocié dans le DARK KNIGHT, et un placement des intrigues qui empiètent sur l’action.

Ne le nions pas, au final l’ampleur du récit et la maîtrise technique sont là pour nous aider à apprécier ce dernier Batman avec Christian Bale, métamorphe physique formidable. Le casting dans son ensemble, anciens et nouveaux, rendent hommage à la dernière aventure du Cape Crusader dans un tourbillon d’effets en tous genres. Et c’est un vrai plaisir de voir un ensemble de comédiens au même niveau. Si Anne Hathaway envoûte en Catwoman, Marion Cottilard ne parvient toujours pas à nous étonner (chose qu’elle fait superbement bien dans DE ROUILLE ET D’OS). Décidément Nolan a bien du mal avec ses héroïnes. Peu importe, ce troisième volet a la gourmandise d’un dernier acte. Des effets pyrotechniques à la dramaturgie de l’ensemble, pour cacher un scénario décousu (et aux failles temporelles et logiques indignes de l’équipe des BEGINS et DARK KNIGHT), Nolan ne s’en sort qu’en prolongeant ce qui avait fait le succès de ses précédents, tout en y incorporant le maximum d’éléments gérables pour marquer le coup. Nul doute qu’il aura comme à son habitude été chercher des sous-intrigues dans les comics d’origine, et que nous nous ferons un plaisir de décrypter cela. Mais en imposant trop vite trop d’éléments à son public, il sort loin du cadre des deux premiers.

Au final, son DARK KNIGHT RISES se vaut largement sur certains points, déçoit sur d’autres, mais il aurait été vain de penser que la folie du Joker trouverait ici un meilleur écho. Les trois films réunis, pour en faire le bilan, forme désormais une grande trilogie à la maîtrise exceptionnelle. Et une relecture de ce dernier volet s’avèrera certainement obligatoire en salles. Sur des dernières minutes assez évidentes, Nolan trouve le moyen de s’en sortir en laissant une petite porte ouverte. A la demande du studio sans doute, mais dans quel intérêt?

Critique de Kynerion

Epique. C’est par ce mot que se conclue la trilogie Batman de Christopher Nolan, un mot balancé dès la bande-annonce dont on sait qu’il est audacieux de l’utiliser à tort et à travers, au risque de décevoir. Et pourtant. Epique, c’est bien le mot qui caractérise le mieux ce The Dark Knight Rises (TDKR), sublime mastodonte de 2h45 qui représente une brillante odyssée de l’homme chauve-souris. Il est évident que The Dark Knight est au coeur du mythe et qu’il s’impose dans l’esprit de nombreux fans comme la pièce maîtresse de la saga, puisqu’il n’a pas à se soucier de raconter les débuts et la fin. Cette conclusion, c’était le gros challenge de TDKR, et il est parfaitement relevé.

D’abord, par le choix des personnages. Qui a réellement douté que Bane pourrait rivaliser avec le Joker ? Et pourtant, Tom Hardy s’en sort admirablement et réussi lui aussi à faire parcourir des frissons au spectateur lors de ses confrontations avec Batman.

Même chose pour Anne Hathaway, décriée par avance pour son rôle de Catwoman (pas sûr que ce nom soit prononcé une seule fois dans le film) et qui au contraire incarne une sublime Selina Kyle, habile, maligne, imprévisible, tourmentée et bien sûr féline.

Pourtant Nolan a eu du mal avec ses rôles féminins proches de Bruce Wayne. Katie Holmes dans le premier volet, Maggie Gyllenhaal dans le second, et Marion Cotillard cette fois-ci. L’actrice qui incarne Miranda Tate, alliée économique (et de charme) de Wayne Enterprises, un des personnages-clés du scenario de ce volet, manque une nouvelle fois de consistance pour atteindre un statut charismatique. Dommage.

Enfin, on appréciera de voir Joseph Gordon-Levitt dans un rôle de « lieutenant » (à différents niveaux) sans pour autant retrouver chez lui des aspects qui nous avaient plu dans Inception ou 500 Jours Ensemble.

Heureusement ce n’est qu’un bémol. Et il est loin d’entâcher le plaisir de retrouver nos « habituels », même si cette-fois le contexte est plus grave. Luciux Fox et Alfred sont beaucoup moins cabots que précédemment, ce dernier (admirable Michael Caine) basculant complètement dans un registre des plus émouvants. Gary Oldman reste une valeur sûre et l’on est rassuré de le voir plus présent dans la seconde moitié du film que la première. Quant à Christian Bale… c’est bien lui : le Bruce Wayne / Batman que l’on a toujours rêvé, de loin la meilleure interprétation du héros. Et ça, c’est primordial.

Mais il ne faut pas oublier que l’un des personnages principaux, c’est Gotham City. Et cela depuis le début. Une ville à part, convoitée, salie, sombre, déchirée, saccagée. Et le côté « épique » du film, ne cherchez pas bien loin, il s’incarne à merveille dans Gotham. Ses habitants, ses bâtiments, ses ponts, ses égoûts, ses véhicules, et tout ce qui va leur être fait subir par la puissance de destruction de Bane et son armée.

Oui, Gotham est une des stars de la trilogie Batman. Et dans The Dark Knight Rises, c’est un exceptionnel champ de bataille qui donne toute sa grandeur au film. Un film épique. Et si comme moi, vous avez toujours abordé Batman avec des yeux de petit garçon ébloui par un héros, alors ébloui vous serez par cette fantastique conclusion.

5 / 5