Syriana

Syriana est un film éprouvant. D’abord parce qu’il est compliqué, ensuite parce qu’il est éprouvant (et oui) pour les personnages (et ils sont nombreux). Rare sont ceux qui s’en sortent indemnes, et par répercussion, le spectateur en prend plein la figure.

Pour donner un exemple de la complexité du scénario, on peut reprendre le synopsis très bien écrit par Allocine :

L’héritier du trône d’un émirat arabe, le Prince Nasir, réformiste et progressiste, décide d’accorder les droits de forage de gaz naturel à une compagnie chinoise, au détriment du géant texan Connex Oil. Connex rachète alors la petite compagnie Killen, une fusion qui attire l’attention du Ministère de la Justice à Washington. Benett Holiday, ambitieux avocat du cabinet Sloan Whiting, veille au bon déroulement de cette opération douteuse. Bob Barnes, vétéran de la CIA qui se préparait à « pantoufler », se voit proposer une dernière mission : éliminer le prince Nasir. Bryan Woodman, expert en ressources énergétiques, se rend à un gala organisé par le Prince Nasir. Son jeune fils meurt accidentellement lors de cette soirée. Ces événements auront une incidence directe sur la vie d’un jeune ouvrier pakistanais de la Connex.

En réalité, si George Clooney a reçu l’oscar du meilleur second rôle dans ce film, c’est tout simplement parce qu’il n’y a que des seconds rôles, bien que Clooney apparaît premier au générique. En ce sens effectivement, Syriana est à rapprocher de films intelligents comme Traffic (de Steven Soderbergh) et Lord of War (d’Andrew Niccol). Il est construit avec de multiples scènes différentes au service d’une trame commune (la guerre du pétrole au Moyen-Orient), et il dépeint une réalité « fictionnée » qui fait mal (Syriana s’inspire d’un livre intitulé See No Evil). A l’instar de Traffic, on pourra lui reprocher sa longueur, mais une fois rentré dans l’histoire pour peu que l’on comprenne rapidement de quoi il retourne, on reste captif jusqu’à la fin ; une fin forcément en apothéose, un choc aussi bien visuel que psychologique, un tableau sans concessions de méthodes de persuasion existantes.

Evidemment en toile de fond, c’est également un choc… de cultures. Américains ou plutôt Occidentaux, Arabes et Chinois (ces derniers étant quand même relayés au second plan) se rencontrent et donnent un mélange d’intérêts économiques et de pouvoir où la religion vient quelque peu modifier la donne. On ne pourra pas reprocher au réalisateur Stephen Gaghan d’édulcorer ou de maquiller la réalité tant les scènes restent plausibles dans ce qui n’est qu’un film après tout. Mais voilà, il renvoie également à une autre grande référence qu’est Révélations (The Insider, de Michael Mann avec Al Pacino et Russel Crowe) sur l’industrie du tabac et ses pratiques qui ont été avérées. De quoi réfléchir, de quoi s’écœurer, de quoi prendre un peu de hauteur sur la société mondiale actuelle.

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