Spider-Man 3

Peter Parker est en proie au côté obscur de sa force. Mais il n’est pas le seul. Dépassant largement le manichéisme du bien et du mal, Spider-Man 3 offre une multitude de combats et d’introspections. On reprend le fil de la toile là où on l’avait laissé à la fin du précédent volet : Mary-Jane et Peter s’épanouissant dans leur relation (on aborde désormais la perspective du mariage), l’une étant désormais chanteuse à Broadway, l’autre étant simplement le héros de la ville, en costume évidemment, car son identité reste réservée à quelques privilégiés, parmi lesquels le rancunier ex-meilleur ami Harry Osborne, tenant Spider-Man comme responsable de la mort de son père, et dont il a repris le flambeau de Bouffon Vert, en le modernisant.

La trame étant tissée, de nouveaux évènements vont bien sûr venir perturber cette routine. Pas de surprise, il s’agit surtout de l’arrivée de personnages. Pêle-mêle (pour éviter de révéler la chronologie du film), Peter découvre qu’il n’a pas tué le véritable assassin de son oncle Ben, et que le coupable, un certain Flint Marko, est en cavale. Une cavale qui va le conduire à se réfugier dans… un accélérateur de particules, d’où il ressortira quelque peu transformé.

D’autre part, la relation de Mary-Jane et Peter se dégrade. La carrière à Broadway subit les critiques négatives, et Harry Osborne redevient le meilleur ami du couple à la suite d’une amnésie, conséquence d’un affrontement avec Spider-Man. Ces méandres sentimentaux se compliquent avec Gwen Stacy, la charmante camarade de classe de Peter Parker à l’université, fille du capitaine de police et petite amie d’Eddie Brock, nouveau photographe freelance ambitieux qui rêve d’obtenir le poste au Daily Bugle à la place de Peter. Plutôt occupé donc, le héros délaisse un peu sa compagne qui se rapproche d’Harry…

Dernier élément et non des moindres, une météorite s’écrase à proximité du couple Mary-Jane et Peter, et le symbiote extra-terrestre qu’elle recèle va se prendre d’affection pour le jeune homme, jusqu’à lui teindre son beau costume.

Avec un tel synopsis il est évident que Spider-Man 3 ne pouvait pas descendre en dessous des 2h20 que l’on ne voit quasiment pas passer. Comme toujours, tout est lié, et le réalisateur Sam Raimi nous livre le meilleur épisode de la saga avec un talent déconcertant. Les effets spéciaux sont époustouflants, la palette de personnages est très riche, les affrontements sont chorégraphiés de main de maître, et même les amateurs de scènes sentimentales seront comblés. C’est imparable, le rouleau-compresseur Spider-Man est en marche pour marquer l’année 2007 sans réelle comparaison possible pour le moment.

A côté de cela, il y a également une prise de risque salutaire. Sam Raimi ose montrer un Peter Parker détestable et humiliant qui perd tout son crédit de super-héros sous l’emprise du symbiote. Pour atténuer l’effet (sait-on jamais les conséquences sur des enfants pour qui l’homme-araignée est un modèle) l’ensemble est maquillé par une bonne dose d’humour, légèrement exagéré parfois (Peter Parker s’offre un nouveau look pour déambuler dans les rues et jouer le beau-gosse outrancier). Le résultat n’est pas toujours garanti, et les fans iront chercher leur satisfaction dans des passages d’anthologie comme l’excellent Bruce Campbell (acteur fétiche de Sam Raimi depuis toujours, c’est-à-dire Evil Dead) en maître d’hôtel de restaurant français, ou le caméo de Stan Lee (créateur de Spider-Man, décidemment habitué au style puisqu’il en fait un dans la série Heroes cette année). Enfin, et comme d’habitude, un combat final (à plusieurs) va clore en beauté le film et mettre un point final au chapitre. Car c’est l’une des autres qualités de la saga : ne jamais avoir joué la carte du cliffhanger alors même que l’on savait qu’il s’agissait d’une trilogie (enfin, si jamais il n’y a pas une autre trilogie, sans Sam Raimi, qui prend la relève).

Les X-Men et Spider-Man dominent outrageusement les adaptations de comics au cinéma. Mais l’homme-araignée a ce petit truc en plus qui permet un attachement, une proximité sans pareille avec le spectateur. De toute évidence, la réussite est indéniable, tant les ingrédients sont réunis pour se faire une bonne toile. Le cinéma-spectacle, le cinéma-divertissement, a une nouvelle trilogie de référence.

4.5 / 5