Restless

Restless, c’est une rencontre. Celle d’Enoch et d’Annie. Lui s’incruste dans les funérailles d’inconnus depuis la mort de ses parents et a pour seul ami le fantôme d’un kamikaze japonais de la seconde Guerre mondiale. Elle est atteinte d’une tumeur au cerveau qui ne lui donne plus que 3 mois à vivre, mais ne lui avouera pas tout de suite. Donc oui, chacun a ses secrets. Et ce n’est que lorsque les barrières entre eux deux vont tomber, qu’Annie et Enoch vont commencer à vivre les meilleurs jours de leur existence ensemble, profitant du présent sans penser au lendemain, mais remerciant le ciel chaque matin d’avoir encore un jour à passer.

Derrière la caméra, on sent Gus Van Sant dans son élément. Parfaitement à l’aise pour retranscrire la mélancolie de l’histoire, l’attachement des personnages, la magie de trouver dans l’autre un être passionnant à découvrir. La bande originale de Danny Elfman est évidemment parfaite pour coller au film, légère, douce et sans jamais passer au premier plan.

On mentionnera bien évidemment le duo de jeunes acteurs qui porte le film : Henry Hopper (fils de Dennis, à qui Restless est d’ailleurs dédié) mais surtout Mia Wasikowska, exceptionnelle de fraîcheur, déjà repérée dans le Alice au Pays des Merveilles de Tim Burton. Ces deux-là ont énormément de style dans le film, avec des costumes d’une grande classe quelque soit la scène, ce qui donne un petit côté intemporel à l’oeuvre de Van Sant.

Bien qu’avec quelques longueurs, Restless demeure sans pareille pour conter une histoire d’amour avec une durée de vie, où le tragique n’est pas une fatalité mais une chance.

Parmi les bonus du film, outre les scènes additionnelles et 5 courts-métrages pour en connaître plus sur la genèse du film, on mentionnera surtout l’excellente « version muette » : Gus Van Sant a en effet refait tourner chaque scène par les acteurs, sans dialogues. Et le résultat est cette version où les émotions passent différemment mais de manière presqu’aussi compréhensible que la version normale.

CRITIQUE DE MG

On doit reconnaitre en Gus Van Sant un de cinéastes les plus talentueux de ces dix dernières années. Gerry, Elephant, Paranoid Park, Last Days, Milk.. Autant de films à placer parmi les meilleurs de ces dix dernières années, et de véritables oeuvres à part entière. Force est de constater que Restless n’a sans doute pas la force de ces aînés, et ne dispose pas de la même ambition, mais recèle quelques vrais qualités qui tendent à démontrer tout le talent de son réalisateur.

Restless, rencontre temporaire entre une jeune mourante (d’une tumeur au cerveau), et un orphelin passé par la case coma, n’enchanterait pas à priori les foyers. Et pourtant c’est bien une histoire d’amour, en équilibre au-dessus de la mort, qui est au centre du récit. Un amour particulier, réel mais non absolu, qui force les deux personnages principaux à profiter de l’instant présent sans trop penser au reste. Adaptation d’un roman, Restless tient à garder la magie du récit, conservant plusieurs éléments assez farfelus (le fantôme japonais..) qui permettent de gonfler le récit et le sortir d’un réalisme trop accrue (parler du cancer et de la mort, pour une love story, ça aurait pu plomber l’ambiance) pour au final arriver à un film à la magie douce et d’un romantisme un peu niais. Mais après tout on parle d’une romance d’adolescents, quelque chose de relativement innocent, pur.

Et en cela on reconnait bien là le Gus Van Sant qui a déjà beaucoup filmé la jeunesse, les tourments et une certaine mélancholie. Le cinéaste ne livre pas ici son meilleur film, mais quelque chose d’assez passager, comme une envie de changer un peu, tout en allant chercher quelques belles images. Restless se laisse voir facilement, histoire à l’eau de rose assez mignonne portée par la grâce de deux jeunes acteurs en devenir (Mia Wasikowska, Henry Hopper – le jeune fils de Dennis). Ne cherchez pas plus loin, maîtrisant l’ensemble de son film, Gus Van Sant ne s’échine pas à en faire un film extraordinaire, juste une histoire sensible et maîtrisée, pour un sujet assez difficile.

3.5 / 5
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