Resident Evil : Degeneration

Il y a des leçons que l’on ne retient jamais. Resident Evil en est un bon exemple, à plus d’un titre. D’abord, dans l’histoire de la saga : on a beau répéter qu’il ne faut pas s’amuser avec le virus T ou le virus G, ça ne rentre pas, vous trouverez toujours des idiots pour tout faire planter et créer des zombies n’importe comment. Ensuite, dans l’histoire du cinéma : on a beau répéter qu’il ne faut pas s’amuser à adapter Resident Evil sur grand écran (ou qu’il ne faut PLUS le faire), vous trouverez toujours des idiots pour exploiter un peu plus cette licence qui a bien du mal à trouver son équilibre.

Et bien Resident Evil Degeneration, c’est un peu le mélange des erreurs précédentes : on va encore adapter cinématographiquement le jeu pour nous montrer encore des zombies comme cobayes d’une industrie pharmaceutique. Encore.

Alors néanmoins cette fois, on oublie Umbrella Corp. et l’épisode de Raccoon City. Je me souviens bien de Raccoon City, je me suis échappé par une sorte de tunnel de métro souterrain à la fin, et il y avait même un vilain pas beau qui m’attendait. Non, dans Resident Evil Degeneration nous sommes après tout cela, et la nouvelle compagnie pharmaceutique s’appelle Wilpharma. Et évidemment nos virus T et G sont de la partie, récupérés du marché noir et développés en secret. Qui dit virus dit zombies, voire même gros zombie comme un boss de fin de niveau. Je m’arrête là pour le scénario, vous aurez vite cerné.

Disons qu’il y a deux passages important dans le film : d’abord dans un aéroport, ensuite à Wilpharma. Entre les deux un autre passage : un gros passage à vide, sans action, et avec plein de clichés. Mais au cinéma on ne dit surtout pas « cliché », on dit « hommage » ou « référence » ou « clin d’oeil ». Sauf que là à force de cligner des yeux j’ai failli les garder définitivement fermés. Car il faut bien dire que la grande frustration du film, c’est qu’il ressemble à une loooongue cinématique de jeu vidéo et que dès que les zombies se rassemblent à l’écran et que la caméra recule, on a juste envie d’attraper sa manette et de crier « c’est parti! ».

Mais non, l’aventure se déroule toute seule, les héros — Leon S. Kennedy et Claire Redfield, bien connus des joueurs — se débrouillent très bien. C’est une jolie histoire finalement, « à la japonaise » a-t-on envie de dire, tant certains côtés exagérés sont typiques de la création nippone (et principalement concentrés autour du personnage d’Angela Miller dans ce film). On passera aussi sur les petites faiblesses du scénario (par exemple : une salle aspergée d’éthanol en vue d’une détonation programmée, il ne faut surtout pas faire feu au risque de tout enflammer, sauf qu’entre temps un ascenseur est détruit dans cette même salle, avec toutes les étincelles qui vont avec, mais bizarrement rien n’explose; allez comprendre).

Au final, je ne sais pas quoi vous dire. Je crois que pour les gens « un peu fans » de Resident Evil (comme moi) nous avons le même syndrome : à chaque fois que sort un produit de la franchise — surtout un film — peu importe si l’on se doute qu’il va être très mauvais, on va s’y intéresser et chercher à y gouter, de peur de rater la bonne surprise. Du coup Capcom et Sony en profitent bien. Là pour cette fois, ils comptent beaucoup sur les ventes de DVD et Blu-Ray du film (sortie en France le 4 février 2009) parce que seul le Japon a eu l’honneur de le voir proposé en salles (comme c’est étrange…). Je suis perplexe : a-t-on envie de leur fournir l’autorisation de tourner une suite (parce que eux, ils ont déjà tout mis en place dans ce volet) ? Bof… Baiohazâdo: Dijenerêshon (c’est la minute culturelle où l’on vous offre le titre en VO de Resident Evil: Degeneration), s’il constitue un divertissement simple (pas très gore d’ailleurs) et qui se laisse regarder pendant un moment de temps libre, n’a vraiment rien d’exceptionnel (ou d’intéressant) qui puisse justifier une suite. Attention : le budget du film était tellement serré qu’il risque bien d’être facilement rentabilisé, sachez assumer les conséquences si vous décidez de l’acheter!

2 / 5