Le Procès de Viviane Amsalem

Ronit et Shlomi Elkabetz sont frère et soeur. Cette année à la Quinzaine des réalisateurs, ils présentent leur troisième film derrière la caméra. Avec ce dernier, ils closent leur trilogie « Viviane » après Prendre Femme et Les Sept jours.

En Israël, il n’existe ni mariage civil, ni divorce civil. On se marie religieusement mais la loi juive prévoit que le divorce est possible. Ce dernier est entre les mains du mari et se prononce dans un tribunal rabbinique. Viviane Amsalem est séparée de son mari depuis trois ans. Elle se présente devant le tribunal pour demander son « Guett », divorce religieux. Nous allons suivre son combat face à des hommes butés, où l’absurde se mêle au tragique.

Pour un sujet aussi précis et original qu’une demande de divorce religieux, le duo de réalisateurs a choisi de ne situer son action que dans le tribunal et son couloir. Ce tribunal ne ressemble en rien à ce que l’on voit dans les séries américaines, c’est plutôt une simple pièce, exiguë, où trois rabbins seront les juges d’une vie, celle de Viviane et de son mari, Elisha, chacun d’eux défendu par un tiers, avocat ou rabbin. Le décor est donc sobrement planté.

La mise en scène est totalement appropriée au décor et au sujet. Dans les premières images, Viviane n’est pas visible mais c’est elle qui voit : elle n’est quasiment pas considérée dans cette affaire, elle est spectatrice. On comprend aussi assez vite le dispositif mis en place : la caméra sera tout au long du film les yeux de l’un des personnages : tantôt Viviane, tantôt Elisha, tantôt les rabbins. Chacun s’observe et se juge.

Le dispositif très carré du film peut effrayer, il donne, au contraire, toute sa puissance au métrage et parvient à nous enfermer autant que l’est Viviane. On suffoque avec elle, on explose avec elle, on pleure avec elle, on rit aussi avec elle. Le rythme du film n’est pas si lourd qu’il pourrait en avoir l’air. De nombreux personnages secondaires viennent comme alléger la rigueur du sujet. Certaines scènes sont vraiment hilarantes et permettent au spectateur de reprendre son souffle avec beaucoup d’amusement.

Les motivations des personnages ne sont pas toujours parfaitement claires. Ce mystère les rend absolument complexes. On se demande pourquoi Viviane s’obstine, pourquoi elle n’attaque pas, pourquoi Elisha refuse ce divorce, l’aime-t-il encore ? On dissèque la fin d’un couple et c’est passionnant.

Entre la dénonciation subtile d’un système surprenant et la mise en lumière de la dislocation d’un ménage, Le Procès de Viviane Amsalem est une totale réussite : captivant, drôle et poignant. Un audacieux sujet qu’on vous recommande vivement et qui devrait vous rester en tête quelques temps.

4.5 / 5
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