Paris Pieds Nus

Fiona, un bibliothécaire canadienne, débarque à Paris pour venir en aide à sa vieille tante Martha, menacée d’internement dans une maison de retraite. Mais Fiona perd ses bagages et découvre que Martha a disparu. C’est le début d’une avalanche de catastrophes, qui lui feront croiser le chemin de Dom, SDF égoïste, frimeur et collant qui lui pourrit la vie.

PARIS PIEDS NUS, c’est un tas d’intentions différentes à la fois, c’est pour cela que le film est tout sympathique à voir. Il vous divertit très correctement après une bonne longue journée passée devant un écran géant. Mais il peut aussi divertir à tout autre moment. Un film qui re-donne la pêche en cas de moment difficile, qui change les idées, qui insuffle une bouffée d’air frais. En somme, le dernier long-métrage (en date) de Dominique Abel et Fiona Gordon est un bonbon sucré qu’on a envie de déguster tendrement, et qui laisse rêveur une fois les lumières de la salle allumée à nouveau.

Le film de Abel et Gordon est d’abord une comédie burlesque. Des attitudes amplifiées, aux gags surfaits, puis les situations rocambolesques, jusqu’aux motivations minimalistes, il n’y a qu’un pas (de danse). Le long-métrage peut être vu comme une série de sketchs, mais l’ensemble est habilement relié par la désarticulation de la ville parisienne. Parce que leur esprit comique est d’une imagination débordante, le côté rétro de leur humour (certains parlent de Tati, de Chaplin, de Edwards) est d’une grande sincérité. Ce burlesque ne sert pas à se regarder, contrairement à un film tourné dans le Nord avec un flic qui se roule par terre, mais qui propulse les personnages vers la tendresse et l’humanité nécessaire.

Au-delà d’être une comédie burlesque, PARIS PIEDS NUS est également une romance bienveillante. Avec des personnages aussi dévéloppés au minimum, les deux clowns cinéastes préfèrent se concentrer sur la connection charnelle que sur la construction intime. Les motivations sont laissées de côté, comme dit précédemment, alors cela permet au film d’explorer la spontanéité et d’entrer pleinement dans la pureté des émotions. Cette romance est une vraie conquête : une sorte de jeu de piste qui se joue du burlesque, pour décrire une forme de trouble / de tentation.

En mélangeant l’amour et le burlesque, Abel et Gordon ne pouvaient pas choisir mieux que la ville de Paris. Que ce soit par la beauté de ses paysages, qu’ils soient naturels dans le relief ou construits par l’humain dans la démesure (comme le burlesque), il y a la volonté du duo de transformer Paris en une immense scène au décor fantasmé. Filmé comme un imaginaire de chaque instant, comme une illusion permanente, la ville de Paris est synonyme de fantaisie. Comme la courte scène de danse en duo avec Pierre Richard et la regrettée Emmanuelle Riva (magnifique dernier rôle, si pétillante, joyeuse et décalée) : chaque espace est générateur d’une attitude qui propulse la romance dans un univers marginal, celui des clowns qui rêvent de hauteur.

PARIS PIEDS NUS de Dominique Abel et Fiona Gordon.
Avec Dominique Abel, Fiona Gordon, Emmanuelle Riva, Pierre Richard.
Belgique, France / 83 minutes / 8 Mars 2017

3.5 / 5