Mea Culpa

Nous, on l’aime bien Fred Cavayé. L’auteur de deux polars secs, à base de famille, de courses poursuites et d’action pure, a jusque-là fait preuve d’une grande régularité et rassurait sur la capacité du cinéma français à se renouveller (sans partir à l’étranger). Son troisième film, MEA CULPA, ne déroge pas à la recette précédente. Quitte à trop en faire ?

MEA CULPA réunit les deux précédents comédiens principaux de Cavayé. Un peu  comme une grande finale de sa propre cinématographie ; Vincent Lindon et Gilles Lellouche font cause commune pour sauver un jeune garçon, cible d’une mafia serbe assez mystérieuse et brutale. Deux gueules cassées dont on esquisse les fissures au départ (l’un, le père du garçon, traumatisé par un accident, l’autre dont on devine les ravages de la solitude), pour ensuite les lancer dans une grande course en avant sans concession (mais avec des trains). Et cela fonctionne… à moitié. Si on ne peut rien reprocher à Cavayé sur le dosage d’action et toutes les séquences ultra rythmées confrontant les deux héros à leurs ennemis (une bande de gangsters d’Europe de l’Est dont au final on ne sait pas grand chose), le reste du film laisse fortement à désirer. Outre des scènes d’exposition s’imposant pour bien vous faire comprendre les traumatismes des héros (scènes largement moins subtiles qu’une baston en huis clos dans une voiture), l’ensemble de la dramaturgie du film donne l’impression d’explications qui n’auraient pas été nécessaires.

A trop vouloir charger l’émotion sur ses personnages, Cavayé (réalisateur, scénariste) donne une impression de maladresse qui ne transfigurait pas dans ses précédents, beaucoup plus dynamiques et épurés. Son troisième film laisse sans doute pointer l’envie de ne pas faire que dans l’action, mais en résulte un film un peu moins efficace. Rassurons nous, il ne perd rien de sa patte initiale, mais après une trilogie musclée, et trois films portés par un duo de comédiens où l’alchimie fonctionne, il est sans doute temps pour lui d’aller chercher d’autres choses sur grand écran.

2.5 / 5