L’Écume des jours

Michel Gondry, le roi du clip et des effets spéciaux fait maison, adapte le sublime roman de Boris Vian, L’Écume des jours.

Colin est idéaliste et rêve d’une belle histoire d’amour. Quand il rencontre Chloé, l’espoir d’une vie parfaite se dessine doucement. Mais après un très beau mariage, Chloé tombe malade d’un nénuphar au poumon. Colin, qui vivait alors de son épargne, doit travailler pour payer les soins de Chloé. Ils vivent avec leur amis, Chick, Nicolas, Alise et Isis, les plus fabuleux des instants comme les plus terribles. Un concentré de vie partagé entre eux six.

Comme le roman, le film se divise en deux parties : une comédie romantique rafraîchissante et un drame. L’audace visuelle vient de la distinction parfaite que l’on peut faire entre ces deux parties, les tons, les musiques et les couleurs sont différents. Michel Gondry nous embarque dans les détails de son interprétation du roman et quel rêve de voir enfin sur un écran le pianocktail, les plats de Nicolas et Jules Gouffé, la souris, le biglemoi… Et de vivre cette histoire avec dans les oreilles Duke Ellington (que nous prescrit Boris Vian à chaque note de bas de page du roman).

Le matériau de base était parfait, mais Michel Gondry restitue avec beaucoup d’humilité les sentiments qui restent à la lecture du roman, de l’enchantement de la naissance d’un amour à l’étouffement des instants de maladie. On attend les larmes durant toute la seconde partie et miracle, elles coulent lors des dernières secondes du film. L’émotion distillée tout en douceur s’infiltre pernicieusement dans nos têtes, puis sur nos joues. Cet sensation d’étouffement reste longtemps après la vision du film.

Le casting pouvait être discuté. Romain Duris et Audrey Tautou, surtout, ont des personnalités très fortes dans les films, difficile de se les imaginer en Colin et Chloé. Autre miracle, Michel Gondry nous fait même oublier que l’on les avait déjà vu ensemble dans un même film (L’Auberge espagnole et Les Poupées russes de Cédric Klapisch). Choix judicieux d’Omar Sy et de Gad Elmaleh, aussi drôles que touchants. D’autres acteurs auraient pu convenir, mais ceux choisis ne prennent pas trop de place et remplissent leur contrat de jouer juste.

Le pari presque casse-gueule de Michel Gondry d’adapter L’Ecume des jours est réussi. Original et inépuisable d’idées de mise en scène à chaque plan, le film n’en oublie pas l’essentiel, l’émotion, et toute la palette possible y passe. Un exploit miraculeux et enchanteur. Michel Gondry est une fée du cinéma.

4 / 5
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