Le Cœur a ses raisons

Présenté au dernier Festival de Venise, Le Cœur a ses raisons offre à son actrice principale, Hadas Yaron, la Coupe Volpi pour son interprétation de Shira, jeune fille dont les sentiments pour les hommes seront indécis. Il y sera également question de deuil, comme le titre américain, File The Void, le précise.

Dans une communauté orthodoxe de Tel Aviv, Shira, 18 ans, rêve de se marier. Alors qu’elle est promise à un garçon de son âge, sa sœur Esther meurt en couches et laisse Yochaï veuf. Les mois passent et la douleur de l’absence reste. Yochaï envisage de se remarier avec une amie d’enfance, en Belgique. Mais la famille d’Esther lui propose une autre alternative, Shira. Sera-t-elle d’accord ? Yochaï pourra-t-il l’aimer ?

Le remariage avec une belle sœur en cas de veuvage est quelque chose de connu dans les textes religieux juifs. Mais de nos jours, ce n’est pas courant, même dans les milieux les plus orthodoxes.  La réalisatrice est ultra-orthodoxe et choisit de dérouler son récit dans ce même milieu. L’enjeu est de présenter une romance quasi mélodramatique dans un cadre rigide mais établi dès le départ. Elle ne fait pas un film sur les oppositions entre religieux et laïcs, mais sur les sentiments d’une jeune femme au contact des hommes et de la pression sociale que son milieu lui impose : se marier vite.

Les deux acteurs principaux sont extraordinaires. Yochaï est charismatique, Shira est faussement innocente. Un jeu de séduction s’installe entre eux, l’un des plus beaux de ces derniers mois, sans aucun contact, mais pas sans désir ni tension sexuelle. Un des personnages secondaires du film retient tout particulièrement l’attention, il s’agit d’une tante manchot qui essaie de maîtriser le destin de ceux qui l’entourent, comme une compensation de son corps qu’elle ne maîtrise pas.

La mise en scène n’est pas l’atout majeur du film. La caméra est souvent fixe et impose un point de vue sans même un mouvement de zoom, comme si les personnages étaient enlisés à la place qui leur est imposée. La lumière donne une impression de sainteté aux personnages, elle peut être dérangeante mais reste cohérente avec le propos.

Pour la curiosité culturelle de son sujet, la force sensible de ses acteurs et l’originalité de certains personnages, Le Cœur a ses raisons vaut un coup d’œil averti et remplit de questions sur une communauté qui aspire malgré tout au bonheur.

3.5 / 5
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