La vida después

Festival du Film d’Amiens 2013

Samuel et Rodrigo commencent un voyage à la recherche de leur mère qui a disparu de manière étrange, laissant une note sur la table qui dit : « Je dois sortir. Maman ». La relation entre les frères devient de plus en plus tendue au fil d’un voyage à travers des paysages désertiques peuplés de souvenirs de leur enfance.

Au Festival du Film d’Amiens 2013, nous avons eu le droit plusieurs fois aux même thèmes. Outre le sexe, nous retrouvons ici la famille décomposée. Un peu d’originalité, puisque l’exposition de ce film présente les personnages lorsqu’ils étaient enfants. Ensuite, énorme ellipse : l’aîné est majeur et le cadet adolescent. Mais ce drame est plus complexe qu’il en a l’air. Car il prend des airs de road movie, et de thriller psychologique.

En effet, les deux frères partent vers l’aventure. Celle qui les mènera, peut-être, à retrouver leur mère disparue étrangement du jour au lendemain. Ils prennent alors la route ensemble, alors qu’ils ne s’apprécient pas beaucoup. Dans ses paysages, David Pablos arrive à faire passer cette dimension d’aventure. Des plans larges aux paysages déserts, le réalisateur nous crée une cartographie contemplative. Un peu à la manière de Terrence Malick avec Badlands, le cinéaste mexicain capture le rapport des personnages avec le paysage.

Dans cette cartographie, c’est également tout un développement des personnages qui se crée. Là où l’exposition nous laissait sur quelques idées, tout le reste du film met les personnages à l’épreuve. On entre dans le passé des deux frères, et David Pablos en filmera les conséquences. Mais aussi la construction de ses personnages. Le spectateur finit par s’attacher à chacun des deux frères, où il deviendra compliqué de prendre parti. Le point de vue reste neutre, et le film devient de plus en plus un film de personnages.

Ceci dans un road trip marqué par la tension. Celle du duo de frères. En plans larges, les deux personnages sont chaleureux. Mais lorsque la caméra se rapproche, et qu’il s’agit de définir les émotions, tout devient plus tendu. Le conflit entre les deux frères s’enveniment petit à petit, le thriller psychologique prend de plus en plus de place. Les corps ne sont pas vraiment mis à l’épreuve mais qu’importe, tout est dans le non-dit (voir le dénouement, où le retournement de situation est phénoménal).

Il faut mentionner l’excellent montage de ce film. Chaque plan se fait écho, comme dans un jeu de miroirs. Il se crée aussi une dimension fantastique dans ce film. Où le quotidien devient de plus en plus loufoque. Avec son montage, le réalisateur réussira à en capter l’essence de la violence et ses conséquences psychologiques. Encore mieux, ce montage (aidé par le cadrage) donne une sensation d’emprisonnement des personnages. Une prison sociale où les personnages deviennent petit à petit leurs propres fantômes. Exactement comme leur mère, présente dans les esprits mais disparue physiquement.

L’initiation fera aussi partie de ce road movie. Car au bout du chemin, il y a la coupure avec le cordon familial. Et l’entrée dans l’âge adulte. Les paysages du passé, les tensions entre les deux frères en sont déjà des graines. Une avancée vers la maturité, où la mort menace à chaque moment. A voir comment les deux acteurs sont éclairés. Souvent entre part de lumière et part d’ombre, il y a cette façon de dire que leur état peut virer à tout instant.

4 / 5
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