La colle

Un BREAKFAST CLUB à la française ? Il faut craindre le pire, car c’est du sous John Hughes. Surtout que ça se veut léger et drôle. Mais, en 2017, il y a encore des « réalisateurs » qui croient que roter, faire un concours de celui qui pisse le plus loin, et dessiner pénis qui éjacule sur un tableau, est synonyme d’humour. Il faut retenir que LA COLLE propose un humour pipi-caca, tel un Adam Sandler ou un Kev Adams. Il s’agit d’un humour très pauvre, qui se sert souvent de certains clichés pour faire croire que la discrimination peut être drôle. Il s’agit d’un humour de comptoir, où une coupe de cheveux est sujette à faire rire. Pitoyable humour. Le pire n’est pas dans l’intention, mais dans le résultat : il y a encore des spectateurs, en 2017, pour rire de ces bêtises stupides où l’humour n’a aucune profondeur.

Alexandre Castagnetti a clairement dit vouloir un film léger. Il avait bien raison, même un peu trop modeste là-dessus. Car tellement léger que chaque scène semble filmée avec les pieds. Les changements d’angles de caméra sont inutiles, cher Castagnetti, si l’espace n’est pas mis en scène. Les décors sont tellement anecdotiques, que le film vire au brouillon esthétique total. Avec une mise en scène qui part dans tous les sens, qui se parodie à plusieurs reprises, la caméra n’en a rien à faire de ses personnages. Avec des cadres et un montage aussi plats, cette histoire aurait peut-être été plus intéressante en bande dessinnée. Parce que, avec autant de changements d’angles et autant de changements d’échelles injustifiés, le montage en devient incohérent.

Surtout que le film brasse la même ambiance et le même ton durant toute sa durée. Alors, à quoi bon vouloir insérer des « chapitres » qui n’apportent absolument rien, et à quoi bon vouloir autant de changements ? Surtout quand on voit le casting : on se demande ce que Karidja Touré vient faire ici (après un excellent BANDE DE FILLES, ce film est un contrepoint qui ne la revalorise pas du tout), et avec un casting censé être prestigieux mais avec seuls « grands noms » Issa Doumbia (NOS CHERS VOISINS) et Sonia Rolland. Une vraie boutade, en fait. Tous embarqués dans un sujet qui balance entre le romantisme, la comédie et le fantastique. Une sorte de mixage raté comme dans les fêtes d’adolescents ivres. Un récit qui s’étire inutilement et qui devient presque hystérique car le réalisateur sent qu’il va falloir résoudre le « problème du protagoniste » à un moment.

La seule bonne chose de LA COLLE est la référence à Karidja Touré, où son voisin essaie de deviner sa chanson préférée, et qu’il répond « Diamonds » de Rihanna. Musique durant laquelle Karidja Touré dansait dans BANDE DE FILLES (Céline Sciamma, 2014).

LA COLLE de Alexandre Castagnetti.
Avec Karidja Touré, Arthur Mazet, Thomas VDB, Alexandre Achdjian, Noémie Chicheportiche, Najaa Bensaid, Oussama Kheddam, Noé Ntumba, Fred Tousch, Sonia Rolland, Jana Bittnerova, Issa Doumbia.
France – 1h31 – 19 Juillet 2017

0.5 / 5