Inside Llewyn Davis

Cannes 2013 – Compétition officielle

Attendre un film des frangins Coen (Joel et Ethan, pour ceux du fond qui ne suivent pas), c’est bien. Etre surpris, voir conquis par leur dernier en date, c’est encore mieux. Après le western abrupt TRUE GRIT et l’ofni A SERIOUS MAN, récit foisonnant et mystérieux, les Coen ont pris le temps de sortir leur nouveau film, de calmer le rythme (en production) pour finalement livrer un film ciselé avec grâce et aux apparitions savoureuses (Carey Mulligan et Justin Timberlake en tête).

LLEWYN DAVIS est un auteur-compositeur, un chanteur engagé dans la tendance folk du début des années 60 avec les désillusions d’une carrière qui ne rebondit pas. Cantonné aux cabarets de New-York, à ses amis et aux petites combines pour survivre, Llewyn n’est pas content, assez sarcastique et doit choisir. Persister ou changer. Film juif new-yorkais par excellence, ce INSIDE LLEWYN DAVIS explore avec un humour caustique les déboires de ce jeune homme perdu dans le grand cours de la vie, décidé à ne pas se laisser dompter et pourtant clairement en train de se ranger…

Terriblement fataliste et pourtant doté d’un humour de chaque instant, INSIDE LLEWYN DAVIS parvient à convaincre là où ne l’attendait pas. Plus sombre que leurs farces habituels, tout aussi sarcastique, on est rapidement pris dans ce récit un peu triste où réside pourtant beaucoup d’avenir. Magnifiquement mis en scène dans une ambiance tamisée propice aux chansons folks et aux recoins d’un New-York de banlieue le dernier film des Coen parvient à allier beauté des images et philosophie de vie sans discours pompeux.

Une brise d’air frais sur la compétition cannoise, aux airs de nostalgie d’une époque pré-hippies où les idéaux étaient tout autres (notamment sur la contraception, l’avortement…), et qui laisse envisager le virage des années suivantes.

3.5 / 5