Imitation Game

La Seconde Guerre Mondiale a-t-elle été gagnée par les Alliés en partie grâce à Alan Turing, mathématicien britannique de génie ? La question se pose avec Imitation Game, le film qui dépeint les efforts de Turing (et de son équipe) pour déchiffrer le système de communication crypté utilisé par les Allemands, baptisé Enigma. Turing, considéré comme le père de l’ordinateur moderne, s’emploie donc dès 1940 à créer des systèmes pour traiter les innombrables combinaisons possibles (plusieurs milliers de milliards en ce qui concerne Enigma) plus rapidement que ne pourrait le faire le meilleur des cerveaux humains. Pourquoi ? Parce que la clé de cryptage d’Enigma change tous les jours.

Pour interpréter le génie introverti Alan Turing, le réalisateur Morten Tyldum a choisi Benedict Cumberbatch, absolument parfait pour le rôle. Il est accompagné par une Keira Knightley malheureusement sous-exploitée, l’insaisissable Mark Strong toujours aussi génial, et Matthew Goode, décidément un nom à retenir après Stoker. On mentionnera aussi Charles Dance, qui aura désormais bien du mal à se détacher de son personnage de Tywin Lannister (de la série Game of Thrones) dans la perception des spectateurs.

Tout cela nous donne un film court et pourtant pas exempt de longueurs, entre flashbacks (année 1929) et flashforwards (année 1951) qui certes aident à installer la psychologie du personnage principal mais s’égarent aussi dans des dialogues étirés. Pourtant les textes sont aussi l’une des grandes forces du film, un humour british pince-sans-rince parfaitement maîtrisé qui donne lieu à de véritables coups d’éclats dans les réparties.

Un film dans le film

Là où Imitation Game surprend le plus, c’est assurément sur tout une partie qui n’est absolument pas évoquée dans la bande-annonce ni même laissée sous-entendre, mais qui occupe pourtant beaucoup sa réalisation : les sentiments des personnages principaux. Véritable « film dans le film », cette seconde intrigue fait d’Imitation Game une oeuvre engagée, presque militante, et questionne un peu sur la volonté de Morten Tyldum de passer sous silence cet aspect dans le synopsis ou la bande-annonce, pourtant primordial dans le film. Etonnant, pour un résultat final qui nous laisse avec un film réussi dans son ensemble mais brouillon dans sa réalisation. Il y avait pourtant matière à faire mieux.

3.5 / 5
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