Hungry Hearts

Écrit et Réalisé par Saverio Costanzo. Avec Adam Driver, Alba Rohrwacher, Jake Weber, Natalie Gold, Joel Beckett, Roberta Maxwell, Victoria Cartagena, Victor Williams. Italie. 109 minutes. Sortie française le 25 Février 2015.

Le film de Saverio Costanzo démarre dans la comédie, sur un plan fixe. De quoi donner le ton d’une humeur feel-good pour une rencontre entre deux êtres vivants. Heureusement, le long-métrage ne continuera pas sur cette lancée tout le temps. Le récit et la mise en scène vont se compléter pour créer un passage entre la comédie romantique et le thriller. Au départ, les sensations de la romance, puis la subtilité lente (positivement) d’un thriller psychologique à deux camps opposés. Cela en gardant un montage régulier et un dynamisme intact : la fluidité de la progression est telle la bienveillance respective des parents envers leur enfant.

La mise en scène va se servir de ces deux états pour s’élaborer. Les personnages évoluent dans deux idées associées au corps. Tout d’abord, il y a la limite du corps, tel un désoeuvrement de l’âme en combinaison avec l’esprit. Là où la psychologie trouve ses limites morales, le corps projette l’impuissance. D’un autre côté, le corps est aussi soumis à de l’agressivité. Celle qui fait franchir la limite du raisonnable, là où le thriller psychologique arrive dans la tragédie dangereuse. Les corps s’exposent à la violence, sans jamais vraiment l’embrasser, mais en gardant l’effet d’une bombe qui peut exploser à tout moment.

Pourtant, la mise en scène n’est pas toujours en adéquation avec la forme. Le découpage n’arrive jamais à se décider sur l’approche idéale. Ainsi, Saverio Costanzo adopte deux approches différentes. La première consiste à avoir un regard presque documentaire sur les situations. La caméra qui bouge constamment, de nombreuses fois portée à l’épaule, et avec des plans cherchant un réalisme absolu (certainement pour offrir au spectateur sa dose d’émotions faciles). D’un autre côté, le long-métrage peut augmenter l’impression d’agressivité dans la mise en scène. Pour cela, certains moments connaitront des effets techniques assez ridicules, et il y a également une forte utilisation des plongées et contre-plongées (cette rapide et facile répartition de la bonne et mauvaise personne). Ceci pour donner un sentiment d’aliénation dans la forme : l’idée aurait été plus aboutie si cela prenait davantage effet sur l’esthétique et non sur la technique.

Il y a un grand excès au sein de ce thriller psychologique : les émotions sont faciles et poussées à l’extrême, la forme à l’impression de folie, l’idée d’approche documentaire dont la caméra tremble (même si cela arrive à donner quelques agréables plans-séquences), un propos qui parfois divise trop brutalement les deux parties (le père et la mère). Enfin, cet excès provoque un manque considérable : l’esthétique. Car la scénographie en huis-clos conserve toute la tension, mais ne la travaille jamais. Petit ajout personnel : il serait bien qu’Alba Rohrwacher arrête avec sa gestuelle maniérée et ses grimaces.

2.5 / 5