Holy Motors

Perdu Carax, oublié par ses derniers égarements… Et pourtant, quel retour! On croyait, au moment d’une certaine sélection cannoise, le voir repartir récompensé, reconnu. Nul besoin, et ça aurait été presque trop superficiel quand on découvre son film (donc avec encore un peu d’avance : il sort ce mercredi 4 Juillet), film miroir de son propre cinéma, où Carax ose tout et rien à la fois. Une suite de scénettes où son propre alter ego, monsieur Denis Lavant, erre dans un Paris d’artifices pour rejouer la comédie d’une vie. Ou de plusieurs.

Monsieur Oscar vit en limousine (aucun rapport avec COSMOPOLIS). Sa journée se décompose en différentes missions où il incarne tour un tour un mendiant, un homme d’affaire, un père, un mourant… Acteur de plusieurs vies, se réincarnant dans plusieurs rôles, Lavant se fait promener dans un Paris d’aujourd’hui, marionnette d’un plus grand que lui, un Leos Carax propre spectateur de ses tourments. HOLY MOTORS est un étrange OFNI (objet filmique non identifié), assez linéaire et construit pour contenir une vraie histoire, assez tortueux et décalé pour cacher en lui les recoins d’une réflexion intelligente sur le cinéma, les comédiens et leurs rôles. Film miroir de sa propre caméra, Carax signe ici une œuvre concentrée et moderne, où l’idée centrale reste à l’image à chaque instant, où tout se veut absurde et pourtant si réel. Les apparitions sensuelles et mystérieuses d’Eva Mendès ou de Kylie Minogue sont presques hallucinantes et pourtant si simples.

HOLY MOTOR, le retour en grâce d’un Leos Carax qui ne succombe pas au sirène du box office. Film glam’ à souhait et fascinant, dont les multiples niveaux de lecture pourraient facilement supporter une deuxième lecture (voir plus), cette vue cachée d’un monde féérique que seul Carax a pu fabriquer laisse un goût de nostalgie et de réflexion. Celui de voir qu’avec Noé, c’est l’un des seuls réalisateurs fantasques d’un cinéma français un peu trop sage. 3, 12, merde.

 

4.5 / 5
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