Golem, le tueur de Londres

Basé sur un roman du même nom, qui contient plusieurs rebondissements, fleurtant avec Sherlock Holmes et quelques séries B agréables (type LE LOUP-GAROU DE LONDRES ou JACK L’EVENTREUR), le film de Juan Carlos Medina a tout pour plaire. Surtout au vu des moyens avancés, et au vu d’un casting qui n’est pas habitué à ce genre. Sauf que Juan Carlos Medina n’a pas la moindre idée originale, et ne sait pas comment sortir de son film déjà tout fait à l’écriture. Le cinéaste est tout aussi coincé dans sa mise en scène : trop de personnages ne sont pas assez développés ; les personnages secondaires ne sont que des figurines posées ici et là, jettables à tout instant. Il y a toujours eu une différence de rythme et de narration entre le Cinéma et la Littérature, il faut alors adapter le tempo au langage cinématographique.

Exactement comme ce fameux style baroque que le film tient absolument à se donner. Une sorte de mélange insipide et trop sérieux entre l’époque victorienne et le genre fantastique (le genre crime n’est que dans le récit, malheureusement). Sauf que Juan Carlos Medina n’a de l’époque victorienne qu’un quartier délabré et les costumes. Pour tout le reste, surtout dans la photographie et dans le cadrage, c’est du genre fantastique bien appuyé. Cependant, le film se présente plutôt bien comme un long cauchemar, créant l’illusion dans chaque espace. Une illusion faite de comportements étranges et d’une caméra qui suggère toujours de nouvelles ambiances. Les espaces sont présentés comme des espoirs, des rêves et des objectifs. Ces espaces sont mis en scène de la sorte qu’ils sont l’image que les personnages désirent. Les personnages créent mentalement des espaces, et l’esthétique les restituent (même si imparfait et parfois incomplet, s’attardant constamment sur les mêmes détails malgré l’évolution du récit).

Même si on aurait beaucoup à redire sur la direction d’acteur de Bill Nighy (comédien excellent, pourtant) qui n’est ici qu’un apparatchik de Sherlock Holmes mais sans réelle complexité, il y a la surprenante Olivia Cooke qui obtient le seul vrai rôle développé. La comédienne réussit avec brio à capturer plusieurs facettes de son personnage ; jusqu’à un certain passage où la mise en scène est trop grosse et suggère la vérité sans l’avouer. Au-delà de sa direction d’acteurs approximative et de son esthétique bâclée, le long-métrage ressemble à une suite de sketchs (voir les flashbacks), dans une longueur (durée du film) injustifiée, où l’esthétique n’est qu’un packaging collé sur un script qui a beaucoup trop de faiblesses. Il est clair que les scènes du roman sont coupées : les dialogues sont pauvres, le mélodrame est divisé en plusieurs morceaux, et l’esthétique échoue à aller au-delà des codes des genres. Ca aurait fait une assez bonne mini-série BBC, peut-être.

GOLEM, LE TUEUR DE LONDRES de Juan Carlos Medina
Avec Bill Nighy, Olivia Cooke, Douglas Booth, Sam Reid, Maria Valverde, Daniel Mays, Peter Sullivan, Michael Jenn, Adam Brown, Paul Ritter
Pays : Royaume-Uni
Durée : 1h49
Sortie française : 23 Janvier 2018 (DVD, Bluray, VOD)

2 / 5
À lire aussi ⬇️

Devenez contributeurs/rices. 👊

Rejoignez un magazine libre et respecté. Depuis 2004, Onlike recense pas moins de 46 contributeurs indépendants dans ses colonnes,

en savoir plus
NEXT ⬇️ show must go on