Daniel fait face

COMPÉTITION FRANCAISE / CHAMPS-ÉLYSÉES FILM FESTIVAL 2019

Le film commence telle une chronique : le réveil et le petit-déjeuner d’un jeune homme, l’habitude de la route vers l’école et les heures de cours qui s’allongent et se répètent (entre exercices pas très intéressants et petits mots secrets qui circulent de table en table). Rien ne se déclenche véritablement dans le film, sauf peut-être une la caméra et le montage tendent à nous présenter le jeune Daniel, afin de vivre le reste du film à ses côtés pour se sentir concernés. Après, tout s’enchaîne dans une balance entre désir et angoisse, entre remords et solitude. C’est une chronique plutôt sympathique, toute mignonne par son point de vue placé à hauteur d’enfants qui sont plongés soudainement dans l’initiation (commencer à grandir par s’organiser avec une alerte attentat). Lorsque les vies et le social est en danger, alors les relations, les comportements et la poésie de la chronique sont chamboulés.

Sauf que DANIEL FAIT FACE ne fait jamais dans le complexe, n’explore jamais profondément ses jeunes personnages, au point que le protagoniste est résumé à un désir contrarié. La chronique est plutôt sympathique, par son regard très universel, mais ne devient jamais véritablement un moment marquant. Le désir arrive bien tard, et le film part en digression dans d’autres points de vues. Que ce soit le récit ou la mise en scène, tout est morcelé et ne se connecte pas dans une seule ligne directrice. Il ne devient pas non plus un moment marquant, car la caméra ne s’attarde jamais vraiment dessus, ayant également pour objet les autres angoisses (le cours de théâtre, l’alerte attentat, le saignement de nez, etc…). En quelque sorte, il n’y a pas de moment mais uniquement plusieurs instants anecdotiques, qui font partie d’un accablement général. Sauf que cet accablement aurait dû être concentré sur le jeune protagoniste Daniel, qui est en plein éveil des sens.

Et même lorsqu’il s’agit de s’introduire discrètement et contre les règles par une fenêtre, le film ne s’attarde pas sur Daniel, comme une nécessité de brasser des instants qui ne serviront pas. Malgré cela, la caméra reste toujours très proche et bienveillante avec le jeune protagoniste. DANIEL FAIT FACE montre des personnages qui sont confrontés à une réalité cruelle, mais dont les travellings leur permettent de continuer à rêver et à chasser leurs désirs. Il faut ajouter à cela la beauté de la photographie, et il est palpable que Marine Atlan est d’abord une directrice de la photographie. Avec la lumière et les nombreuses couleurs, il y a quelque chose de l’onirisme dans ce film, qui fait directement référence à cet état inconnu provoqué par l’éveil des sens. Seulement dommage que cette belle esthétique ne se concentre pas uniquement sur Daniel, seul personnage confronté à ses désirs, où les espaces (comme ces longs couloirs vides) auraient pu être tous des projections des sensations. Sauf que le film accentue les angoisses, et ne trouve jamais l’équilibre avec les désirs.


DANIEL FAIT FACE
Réalisé par Marine Atlan
Scénario de Marine Atlan, Anne Brouillet
Avec Théo Polgar, Madeleine Follacci, Tristan Bernard, Aurélien Gabrielli, Emmanuelle Cuau, Michelle Laudet
France
1h

2.5 / 5