American Nightmare 3 – Élections

La saga de survival-horror et d’action American Nightmare (La Purge), revient en 2016 sous un climat politique tendu en Amérique sous fonds de blaxploitation et d’une élection présidentielle controversée avec un pays plus divisé que jamais dans la bataille qui se joue actuellement entre Hillary Clinton et Donald Trump et l’actualité dominée par les meurtres d’Afro-Américains à répétition avec les affaires Trayvon Martin et Michael Brown entre autres.

Depuis le tout premier volet en 2013, suivi d’un second en 2014, cette série dystopienne mettant en scène une nuit d’anarchie annuelle où le meurtre est rendu légal afin de sauvegarder la souveraineté américaine contre les classes moyennes et défavorisées, est fort d’un succès retentissant dans les box-offices mondiaux, sonnant comme une utopie proche du réel avec des politiciens corrompus et la scission perpétuelle entre les classes précaires et les WASP dignes d’American Beauty. Ce volet superpose à la manière d’un film d’action sanguin toutefois prévisible, tous ces éléments où le spectateur est confronté à un merdier gigantesque mêlant lutte contre l’establishment, un combat post-ségrégation où être de couleur et avoir de l’argent plein les comptes ne garantit plus la survie et où le sang est devenu le nerf du fonctionnement du corporate system.

Fort d’un scénario familier pour les américains avec l’actuelle élection présidentielle ressemblant davantage à une cour de récré géante, mettant en scène une élection mettant en scène deux candidats : la sénatrice Charlie Roan (campée par une juste et agréable Elizabeth Mitchell, vue dans Lost, qui, derrière ses Ray-Ban, ressemble davantage à une maîtresse de primaire sur lequel on pouvait lorgner à l’époque lointaine de la préadolescence, sans être méchant. Just kidding !) et le pro-purge de la NFFA, conglomérat totalitaire et dérangé, Ed Owens (j’en profite pour saluer Kyle Secor pour avoir su incarner avec brio un politicien psychopathe et obscène sans trop verser dans la caricature…même si il aurait pu davantage s’inspirer de Frank Underwood pour ce faire) et le combat de Roan contre cette nuit de violence extrême où l’homme fait ressortir sa rage contre ses congénères en toute impunité, ce qui laisse une impression de Grand Theft Auto mêlé aux films de Tarantino (le gang des filles en robe de mariée dans cette voiture scintillante aurait eu sa place dans Boulevard De La Mort). Le ton du film est alors donné, c’est une version irréelle de la politique progressiste contre les pouvoirs en place.

Dans cette lutte contre l’establishment, Roan est assistée par Leo Barnes (imperturbable et increvable Frank Grillo…quoique, ce n’est pas Jason Statham, il perd vite sa place de héros central d’ailleurs), héros du second volet reconverti en garde du corps à la gâchette facile, et Joe (Mykelti Williamson, Destination Finale 4), épicier Afro-américain attachant et sarcastique avec ses deux employés, son petit protégé et employé Marcos, et leur amie Laney, ancienne gangster impitoyable qui n’est pas sans rappeler les Pam Grier où autres Halle Berry (même si Meurs Un Autre Jour n’était pas le meilleur 007, Jinx était géniale !).

L’équipe multi-ethnique et badass soutenue par Dante Bishop, héros du premier opus, convaincant en chef de gang révolutionnaire qui n’est pas sans rappeler les Black Lives Matter ou même les Black Panthers en guerre contre la suprématie blanche encravachée (ça rappelle presque le climat politique américain…mais bon !), est alors plongée dans un périple sous fond de vengeance personnelle pour certains, égalité des droits pour d’autres et intérêts politiques pour une.

En dépit de bons moments, le film en garantit quand même (je ne peux rien spoiler), d’hectolitres de sang versé autant que dans un western spaghetti, de sociopathes déguisés en peluches (Manhunt, Dead Rising…pour ceux qui ont eu en 2004 une Xbox, et une 360 en 2009) et d’un enchevêtrement de cadavres en milieu urbain, ce troisième volet se veut extrêmement prévisible, redondant et calculé au millimètre près. Quand on rencontre les personnages, il n’est pas difficile de se rendre compte de qui va mourir et qui va vivre. Nos héros sont face à un enfer dont ils finiront indiscutablement par sortir, non sans stigmates mais quand même, en dépit de la situation apocalyptique à laquelle ils sont confrontés et l’intrigue s’emmêle due à des changements de programme incessants dans leurs objectifs et la férocité des combats et des tirs ne suffit pas à dérider notre équipe d’Avengers du quotidien, à la résistance frisant l’inhumain.

Le film, en définitive, en dépit d’une narration banale et d’un suspense proche du zéro, garantit un moment sympathique de cinéma sans prise de tête, malgré un sujet sur le fond qui aurait pu être encore mieux exploité. Si ce film était un thriller, il serait si grotesque que David Fincher s’en étranglerait. Mais comme il demeure dans l’action, il reste dans la moyenne. A peine dans la moyenne, je précise bien.

2.5 / 5