A kind of magic, une année pour grandir

Le titre laisse présager une immersion joyeuse dans une école pas comme les autres, où l’apprentissage se fait autrement. Loin de suggérer un pitch où il est question de proposer une alternative au système éducatif actuel, le documentaire est surtout un portrait et une chronique à la fois. A KIND OF MAGIC n’est pas un documentaire militant, ni politique, ni social. C’est un documentaire qui s’intéressé à deux visages, mais surtout à deux esprits qui forment un seul et même univers. Neasa Ni Chianain et David Rane parlent ici de respect et d’unité, grâce à la joie de transmettre / de partager et d’apprendre. Une caméra qui part capter le plaisir et la créativité, au sein de l’apprentissage. Entre deux générations, A KIND OF MAGIC capte un univers qui se transmet à une jeune génération, pour que celle-ci commence à appréhender la vie. Comme le dit si bien l’un des enseignants de l’école : « vous avez le contrôle de ce que vous faites. Votre éducation dépend de vous autant qu’elle dépend de vos enseignants. C’est à vous de comprendre ce que vous pouvez apprendre. Vous êtes déjà en charge de votre propre vie. » Un documentaire donc profondément joyeux et humain.

Le film est à la fois un portrait des deux principaux enseignants John et Amanda, mais aussi le portrait d’une jeunesse qui va bientôt démarrer leur vie professionnelle. Neasa Ni Chianain et David Rane n’ont pas choisi cette école pour rien, car John et Amanda ont des personnalités fortes et particulières. Alors qu’ils sont proches de la retraite, ils enseignent toujours. Mais surtout, face à leur jeunesse qui est bien loin, le couple essaie de la préserver aussi longtemps que possible. Au-delà d’enseigner du latin et de l’anglais, ils enseignent aussi le rock’n’roll, le théâtre et à construire tout sorte de chose avec les éléments de la nature. Une manière d’ouvrir les jeunes étudiant-e-s à la diversité de la vie. Mais surtout, une manière de transmettre leur infinie excentricité, face à une jeunesse qui grandit. Le grand avantage de A KIND OF MAGIC, est que la caméra ne s’arrête pas aux moments de folie et de plaisir. La caméra s’insère dans les rituels de toute école, dans quelques conversations privées, et dans les moments de pure camaraderie. Surtout que Neasa Ni Chianain et David Rane se permettent de capter cet apprentissage de la vie à travers plusieurs saisons. Ce qui leur donne une possibilité infinie de couleurs et d’esthétique, permettant au documentaire de faire fusionner les sensations d’une saison avec les instants d’apprentissage (comme les couleurs automnales et les scènes de construction dans la nature).

Mais A KIND OF MAGIC échoue là où c’était important d’être inspiré : John et Amanda sont narrés comme des personnes multi-dimensionnelles, mais trop peu filmés à injecter leur influence partout. Neasa Ni Chianain et David Rane veulent en dire trop, et donc en montrent trop, au sein de cette année d’études. Le grand défaut du documentaire est d’englober un bon paquet de moments différents, d’en faire une sorte d’album de fin d’année en mouvement, qui revient sur les meilleurs moments. C’est un montage accroché au rythme de l’école et qui embrasse beaucoup trop de détails. Un cinéma direct, près des gens et avec un contact sur le vif avec eux, sans réel point de vue artistique de la part des cinéastes. Trop ciselé dans le temps et trop désordonné, A KIND OF MAGIC a une approche qui a tendance à trop mélanger l’absurde avec la chaleur humaine, et à mélanger les particularités de cet enseignement avec les rituels de l’enseignement commun. Et même si ce désordre au montage ne permet pas au film de se concentrer suffisamment sur le couple John et Amanda, ou de se totalement capter le savoir que reçoivent les étudiants, il y a quand même la réussite où le sarcasme est en réalité une forme de tendresse et de joie.

A KIND OF MAGIC, UNE ANNÉE POUR GRANDIR (School life)
Réalisé par Neasa Ni Chianain, David Rane
Irlande, Espagne
1h39
6 Mars 2019

3 / 5