Mohamed Ali – Les légendes ne meurent jamais

D’après le Larousse, le nom légende est issu du latin legenda (ce qui doit être lu). Il peut être défini comme un récit imaginaire, élaboré à partir de faits historiques réels et destiné à magnifier un personnage ou un événement passé.

C’est précisément la définition que nous pourrions faire de Mohamed Ali. Pur récit de l’Histoire américaine, véritable figure du peuple, ce dernier s’est éteint l’âge de 74 ans hier soir. Après 32 ans de lutte contre la maladie de Parkinson, The Greatest, triple champion du monde poids lourd, s’en est allé.

Lorsque j’ai appris son hospitalisation cette semaine, je sentais que la fin était proche. Un pressentiment certainement. Et puis la nouvelle est tombée ce matin, la cloche sonna la fin du round ultime. Ali a rejoint une partie de son Ali’s Army déjà disparue.

Suite à sa disparition, de nombreuses personnalités s’en sont données à fond sur les réseaux sociaux pour exprimer leur tristesse et leurs pensées. J’ai longtemps hésité à écrire un article et puis je me suis dis : tentons d’en parler autrement. Essayons de dresser le portrait d’un homme à travers les yeux d’un fan. A quoi bon revenir sur son parcours. D’autres que moi écriront de meilleurs articles sur le sujet.

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Je préfère vous avertir, le texte risque certainement d’être à la fois confus, désordonné, mais passionné.

J’ai découvert Mohamed Ali à l’âge de dix ans. Je regardais les Jeux Olympiques d’Atlanta en 1996. J’étais devant mon poste de télévision et là un vieil homme tout tremblant alluma la flamme. A l’époque j’ignorais totalement qui il était et ce qu’il avait bien pu accomplir dans sa vie. Je ne savais pas que nous nous reverrions treize ans plus tard.

Enfant, j’ai toujours eu du mal à trouver ma place dans un sport. J’ai dû en essayer une dizaine avant de tomber sous le charme de la boxe. Mes parents n’ont jamais cherché à me soutenir dans une activité plus qu’une autre. Je n’allais jamais aux compétitions par exemple. J’apprenais tout par moi-même, cherchant, fouinant, creusant dans un monde que je ne connaissais pas (qu’il soit culturel ou autre d’ailleurs).

La boxe fut mon premier véritable amour sportif. J’avais 23 ans. Je visionnais autant de combats que possible : Marciano, Patterson, Frazier, Robinson etc… Puis je découvris Mohamed Ali. J’ai regardé chacun de ses combats, jusqu’à rechercher ses premiers matchs, quasi introuvables, sur des sites russe. Ma soif de connaissance n’a pas cessé pour autant. Tout ce que je pouvais lire sur lui, je le dévorais en quelques jours : biographies, films, documentaires, articles de journaux, poèmes, BD. J’en étais à un point où je connaissais les dates de ses combats, toute la chronologie de sa vie. Je mangeais, je buvais, je dormais Mohamed Ali au grand dam de ma femme je dois l’avouer.

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Je suis même un temps passé à la pratique. Je pris le temps de monter sur le ring le temps de quelques entraînements. Comme un gamin qui imite ses héros dans la cour de récré, je faisais le Ali Shuffle et surtout au grand désarroi de mon entraîneur, j’essayais de boxer comme lui : une garde quasi absente, les réflexes prenaient le relais et tentant d’être le plus rapide possible. Durant les combats, je prenais de nombreux coups au visage, mais au détour d’un enchaînement je parvenais à esquiver comme lui. C’est bête à dire, mais j’étais comme un gosse. Je voyais mon adversaire totalement désabusé de frapper dans le vide. Bref, durant chaque entraînement je repensais à ses combats, à sa manière d’appréhender son adversaire. Je crois que je me souviendrais toujours de ce que m’a dit un jour mon entraîneur : « Ton cardio est bon ça c’est certain, mais ta garde quoi. C’est pas possible. Lève les bras !! ». Hélas, la découverte d’une pathologie atteignant mes articulations m’a fait renoncer à remonter sur le ring.

Mohamed Ali était rapide, précis, mais il a pris beaucoup de coups. Il en a payé le prix, malheureusement.

Enfant, j’ai grandi sans véritable repère, modèle, boussole. Tout ce qu’il a entrepris dans sa vie fut pour moi comme une référence : le dépassement de soi, défendre ses opinions quoiqu’il en coûte, le fait de réussir alors que personne ne croyait en toi.

Clairement, il fut un véritable père spirituel pour moi.

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Comme chaque homme, il n’était pas dénué de défauts, mais qu’on le déteste ou qu’on l’adule, il est impossible de passer outre le fait qu’il a marqué l’Histoire. Les différents combats qu’il a menés hors du ring (son engagement auprès des Blacks Muslims, le refus de se battre au Viêtnam etc…) ont forgé sa légende.

A l’époque où il refuse de se rendre au Viêtnam, la commission lui enlève sa licence et son titre. Il devra attendre de nombreuses années afin que le roi retrouve son trône. Véritable résurrection, il affrontera les meilleurs du classement (Frazier, Norton, Foreman) avant d’être sanctifié à Kinshasa en 1974 lors du fameux Rumble In The Jungle.

Celui que l’on surnommait « The Louisville Lip » l’avait toujours dit : « I am the greatest » et ce même avant son combat pour le titre contre Sonny Liston en 1964 (cette victoire lui vaudra le record du plus jeune champion de l’Histoire. Il faudra attendre Mike Tyson pour que ce dernier soit battu).

Peu d’athlètes peuvent se targuer d’avoir autant marquer l’Histoire.

Il faudrait plusieurs vies pour vivre la sienne. En ce qui me concerne, je passerai le reste de la mienne à raconter sa légende.

Comme j’en ai l’habitude, je laisse les derniers mots de cet article au champion :

Une fois qu’on aura examiné les faits, on n’aura pas d’autre choix que de conclure que je fus le plus grand de tous les temps. Pas mal pour un gosse maigrelet de Louisville, hein ?