En boycottant Coldplay, j’ai évité une fouille corporelle

Mercredi soir j’étais gentiment invité chez EMI pour une écoute exclusive du nouvel album de Coldplay. Alors bon, la musique du groupe anglais m’a beaucoup déçu depuis X&Y, mais ça restait un mini-évènement que de découvrir Viva La Vida… en avant-première.

Le destin en a voulu autrement. En fait de destin c’était surtout le travail mais bon, parfois ça revient à la même chose. Dépité, j’ai consciencieusement accompli ma tâche et suis rentré chez moi sans passer par la case EMI-Coldplay. C’est pas vraiment du boycott donc, c’est vrai.

Et voilà que j’apprends en lisant 20 Minutes que l’écoute du disque a été une jolie démonstration de paranoïa et de procédure de la part d’EMI :

Verrouillage tout azimut. La maison de disques EMI, qui vient d’organiser à Paris des écoutes du nouvel album de Coldplay pour la presse française, a fait signer aux journalistes un «accord de confidentialité». En gros, interdit de parler du disque dans les colonnes des journaux et sur les sites de presse avant le 9 juin, soit une semaine avant la sortie du disque, prévue le 16 juin.

Le document, rédigé par la maison mère d’EMI à Londres, contient des clauses imposant au signataire de garder «confidentielles» les informations relatives à l’album «Viva la Vida», appelé «le Projet». Plus fort encore, il est stipulé qu’«EMI aura la possibilité de poursuivre l’autre en justice contre toute violation du présent contrat».

Coldplay, encore plus loin que Madonna
Lorsqu’est sorti le dernier album de Madonna, les journalistes n’ont pas pu obtenir un exemplaire du disque avant sa sortie, comme cela se pratique d’ordinaire. Pour l’écouter, ils devaient se rendre à une séance d’écoute collective chez Warner, la maison de disques de la chanteuse. Un dispositif déjà impressionnant. Mais autour de Coldplay, la sécurité va plus loin: avant la séance d’écoute organisée dans les locaux de la maison de disques, les journalistes ont dû remettre leur téléphone portable à l’accueil, puis ont été fouillés par un employé anglais d’EMI à l’aide d’un détecteur de métaux. Histoire de s’assurer que les journalistes n’aient pas d’enregistreur en poche et balancent ensuite les mp3 récoltés sur le Net.

Du coup je regrette moins. Mon contact m’avait bien prévenu de n’apporter aucun appareil d’enregistrement, mais je serais venu avec mon téléphone et mon iPod parce que je les ai quotidiennement avec moi (et un iPod ça n’enregistre pas). Donc j’ai loupé un moment sans doute intense et intime avec un employé d’EMI et son détecteur de métaux, c’est mon plus grand regret. Quel intérêt sinon, d’aller écouter un album si c’est pour être interdit d’en parler ensuite ? Quel intérêt du coup d’inviter des journalistes ? Autant choper la première personne dans la rue et lui proposer d’écouter le nouveau Coldplay, ça revient au même, au final.

De toute façon il faut s’y faire, c’est la nouvelle méthode. On n’envoie plus de CD promo, on organise des écoutes avec menaces de poursuites judiciaires, c’est plus fun.

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