Homeland, série originale ?

Ok, la réponse est simple. Et la question un peu fausse, mais il faut bien attirer le chaland. HOMELAND est au premier regard une adaptation, celle d’une série venue d’Israël, Prisoners of war (en anglais dans le texte). Soit, et plutôt une bonne : la série cartonne, et a reçu quelques prix sympathiques (Golden Globe, Emmy Award, …). Pas mal en deux saisons, qui ont su manier suspense et paranoïa à volonté autour de deux personnages ambigus et des complots terroristes à tout va. Bel exercice, belle réussite mais est-ce réellement un hasard ?

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Soyons objectifs : depuis le 11 Septembre l’entertainment américain n’a de cesse de digérer le traumatisme des images et du choc politico-culturel que cela a engendré. Vous me direz, comme chaque crise que traversent les Etats-Unis, ils ont cette capacité d’auto-analyse et d’auto-digestion très réactive. Hors donc, depuis 2001 on a noté une forte poussée de l’anti-terrorisme et du drama politique autour de la menace extérieure. Souvent barbus, pour que le spectateur ne soit pas perdu (il est américain, ne l’oublions pas). Si on a sauté de joie à chaque saison de 24 (2001-2010) quand Jack Bauer, l’ultime patriote, sauvait le pays de diverses menaces, d’autres ont su explorer le filon avec plus de délicatesse. Comment oublier SLEEPER CELL, série en deux saisons (2005-2007) au coeur de cellules terroristes implantées dans les grandes villes américaines où un agent sous couverture avait la vie dure. On a la une brillante réussite, moins récompensée côté audimat, qui jouait entre thriller et action sur fond de véritable réflexion (le héros étant musulman), et un brin plus de recul sur la situation que Jack et son cougar. Plus récemment, la paranoïa s’est infiltrée au coeur du système avec RUBICON (2010), prise de risque ultime pour AMC qui laissait peu de répit à l’unique saison du show. Ici on magouillait avec les analystes de la CIA, planqués entre sociétés écrans et buildings anonymes. Un vrai retour au thriller politique des 70′ qui n’aura pas connu de suite (tout au plus PERSON OF INTEREST joue t-il en ce moment la carte high-tech dans ce domaine)… dommage.

Si on tient compte du fait qu’HOMELAND est en soi une adaptation (venue d’Israël – où d’ailleurs sa consoeur américaine est allée filmer), il faut alors chercher le vrai critère de réussite de la série. Marchant sans broncher sur les restes fumant de ces prédécesseurs, la série ne bénéficie pas de réelles nouveautés (et oublions de parler de ZERO DARK THIRTY, développer sensiblement en même temps et au scénario assez similaire). La clé du succès est plutôt à aller chercher du côté des artisans : on y retrouve Howard Gordon et Alex Gansa, tous deux déjà passés et récompensés sur… 24. On ne refait pas le monde…. Devant l’écran, c’est du solide aussi. Claire Danes et Damian Lewis, deux acteurs qui n’ont pas besoin de confirmer leur statut, et qui fonctionnent très bien ensemble. Rajoutez à cela une volonté réelle de remettre au centre du sujet le traumatisme américain et l’image de la nation, et les bases sont jetées.

A défaut de révolutionner le genre, et si le final de la saison 2 enterre toute idée en ce sens (on pourrait presque voir débarquer Jack Bauer), HOMELAND se laisse regarder sans déplaisir. De solides fondations, un vrai thriller politique avec explosions, on en redemande. En occupant une place laissée vacante, et en sachant s’entourer de belle manière, HOMELAND rafle le jackpot. Derrière les artifices, qui nous tiennent en haleine malgré tout, on attend encore de voir ce qui pourrait rendre la série indispensable.

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