Platane – Saison 1

Eric sans Ramzy. Revenons aux bases ; voici plus de quinze piges naissait le duo comique Eric & Ramzy, sorte de Laurel et Hardy de la cité, pas si idiots que ça au final, mais aimant beaucoup jouer aux cons de base. Passés depuis par la case télé (H) et ciné, on s’était habitués à les voir passer de temps à autre. Rien de dramatique, et une actualité déclinante, jusqu’à apprendre qu’Eric Judor, le chauve du duo, se lançait dans l’écriture-réalisation de son propre show pour la chaîne mère, Canal+, plutôt novatrice dans ce domaine, et toujours heureuse d’accueillir un de ses enfants au bercail. Car aux vues des 12 épisodes de cette saison (qui reviendra?), il n’y avait que sur ce type de chaîne, et dans ce contexte que pouvait éclore une des séries les plus étranges qui soit, nombriliste à souhait, drôle au possible et d’une relative tristesse.

Platane, c’est l’histoire dans l’histoire dans l’histoire. Celle d’Eric d’abord, humoriste français un peu têtu, qui voit mal son compère Ramzy volé seul la vedette de leur retour à la télévision dans « HP », après avoir passé un an dans le coma pour une histoire de platane placé au bord d’une route… Et décide donc de contrer le mauvais sort en revenant là où on ne l’attend pas ; le cinéma d’auteur. Platane, c’est donc 12 épisodes sur Eric Judor se lançant dans la réalisation d’un film (La Mome 2.0) pour le grand écran, seul. Ou presque. Car quoi qu’il fasse, Eric se dirige vers le succès, tout en réussissant inexplicablement à se gaufrer à chaque étape. Qu’il s’agisse de l’unique copie de son film pleine de colle, ou d’un certain goût pour devenir tour à tour antisémite, raciste ou homophobe (malgré lui), Eric est un peu le Gaston Lagaffe du ciné français. Et c’est drôle. Un peu répétitif au final, mais d’un humour et d’une ironie assez rafraichissante. Eric se met en scène comme Eric, joue avec les codes (tiens, on dirait Luc Besson ou TF1 qui passent, sans réellement les voir), égratigne gentiment le milieu du cinoche (et tout y passe, des tournages, financiers, bloggers…). Totalement troisième degré, on s’étonne de voir celui qui faisait des gaudrioles dans des films à deux devenir si auto-persécuteur et fin, et pourtant pourquoi pas? Rien d’incompatible, on sent même qu’Eric prend un malin plaisir à tisser sa toile, son complique n’étant pas loin.

Et le reste suit. Casting monstre (passage de guests ; Cassel, Lellouche, Amalric, Bellucci, Courau…), secondaires solides (souvent aussi dans leurs propres rôles), Platane revisite la création d’un film de bout en bout par un ex-humoriste un peu fou. Evidemment, plus Eric s’enfonce, plus il semble réussir, et les derniers épisodes poussent le grotesque à mort ; plus le film semble raté, plus il plaît. Comme un pied de nez à un cinéma intellectuel, loin de ce que fait le duo Eric & Ramzy (et/ou/sans). On en oublierait presque que les deux compères ont quand même tentés des choses, notamment avec Steak. Après 12 épisodes, Platane est un petit bijou de série à la française, loin des classiques du genre (on reste plus proche des fictions à la HBO, telle Curb your Enthousiasm, dans la forme, la mise en abîme de l’acteur). On pourra cependant regretter un bis repetita des gags (Eric tombe, tout se relève sans lui… jusqu’au final n’importe nawakesque), tout en lançant le show vers un fond sans fin. Reste un Eric Judor très attachant, très énervant aussi (têtu, égocentrique au possible..), mais tout à fait dans son rôle. Reste à voir si une 2e année sera votée.. Mais serait ce utile?

3.5 / 5
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