Moonfleet

Monfleet, petit village du sud de l’Angleterre. Le jeune John Trenchard se joint à la bande d’Elzevir Bloc, chef d’un groupe de contrebandiers du coin. Tout d’abord, ils seront confrontés au retour des Mohune dans les parages. Ensuite, ils partiront ensemble à la recherche du légendaire diamant perdu dans une aventure pleine d’action.

On connaît tous le chef d’oeuvre cinématographique de Fritz Lang sur les contrebandiers de Moonfleet. Et en voici une nouvelle version. Même personnages mais nouvelle intrigue et nouveaux acteurs, etc… Nouvelle adaptation du roman de John Meade Falkner, mais même trame que film de Lang. Ce film était un vrai drame à l’âme aventurière, et cette mini-série en deux épisodes prend le même point de vue. Bien que le film de Lang reste une oeuvre importante et fascinante, la mini-série est plus fidèle au roman, en plaçant le jeune John Trenchard en personnage principal.

Parlons du final. Même avec deux épisodes, les scénaristes ont encore trouvé le moyen d’être aussi niais. On pourrait se demander à quoi ont servis les deux épisodes, pour finir de cette manière ? Passons, pour ne pas trop en dévoiler. Côté narration, les deux épisodes fonctionnent comme deux chapitres. La première partie s’apparente à une tragique rivalité, alors que la seconde partie est plus du côté de l’odyssée. Par le ton, le rythme et les enjeux, la seconde partie reste largement au-dessus de la première. Mais au niveau du développement des situations et des réactions des personnages, la première est largement au-dessus.

La première partie a une temporalité plutôt courte. Ainsi, la mini-série prend le temps de développer les intrigues et ses personnages. Une fois que tout cela est fait, on peut tout lâcher dans la seconde partie : être moins consistant, raconter tout un tas de choses en 45 minutes. On aurait pu apprécier un téléfilm en deux parties, avec une seconde plus longue. Pourquoi pas frôlant les deux heures de téléfilm. D’un autre côté, cela peut amplement suffire. Le second épisode, fonctionnant comme une odyssée, se concentre sur deux personnages. Et comme ils n’ont plus le besoin d’être développés, autant opter pour les raccourcis et les ellipses.

Au casting, on y retrouvera les charismatiques Ray Winstone et Ben Chaplin. Leur rivalité est fascinante. Au-delà du voleur face au méchant flic, il y a deux grandes figures qui s’opposent. Deux acteurs imposants et, avec retenue, qui font plus peur avec leurs regards que par leurs actes. A chaque instant, c’est à savoir lequel prendra le pas sur l’autre, lequel prendra la vedette. Sauf que les deux jouent au coude à coude. Ray Winstone et Ben Chaplin sont deux lions féroces avec une bombe à retardement à l’intérieur d’eux. A leur côté, les deux jeunes Aneurin Barnard et Sophie Cookson.

Là où le jeune Aneurin Barnard se distingue, c’est qu’il peut nous faire oublier le film de Fritz Lang. Le jeune garçon innocent est plus vieux, et puis il est amoureux. Dans cette épopée de contrebandiers, le jeune Trenchard a une dulcinée issue d’une classe sociale bien plus haute. Bien que la conception de la romance soit assez classique (même à l’interprétation), elle ne prend pas trop de place. Cette petite dimension mélodramatique de la mini-série permet d’ajouter plus d’innocence à John Trenchard. Ainsi, on retrouve toute la naïveté et le cynisme du petit garçon du film de Fritz Lang.

Le grand point fort de cette mini-série, c’est qu’on y retrouve les substances du film de Fritz Lang. Normal, me direz-vous, c’est une adaptation. Mais on y voit la volonté d’être dans les même thématiques. Les britanniques sont bien connus pour leur excellence dans le drame social. Plusieurs points sont à relever de ces deux épisodes : la séparation familiale, l’amitié, l’amour, la pauvreté, la justice, etc… La séparation familiale amènera à l’amitié. Cette chose, présentée comme la solution miracle à la mélancolie. Cette chose, qui soude les uns aux autres, pour créer une union. Ce rassemblement, pour combattre la pauvreté, la justice, afin de retrouver le goût de la vie (le personnage de Ray Winstone) et de l’amour (le personnage de Aneurin Barnard).

Grâce à la forme dynamique des épisodes, on y ressent la connexion entre les personnages. Que pour bien avancer dans les intrigues traitées, on prend le point de vue des personnages. Plus qu’une simple aventure pour récupérer un diamant (qu’on ne verra seulement trois ou quatre fois à l’écran), c’est avant tout une aventure humaine. D’où le jeu de lumières (très lumineux ou très sombre) et le montage à plans courts. Il y a cette manière d’être partout à la fois : de se rapprocher de chaque personnage pour caractériser une action. On appréciera notamment que la mini-série ne met pas ses décors et ses costumes en valeur. Cela reste secondaire, car on part avant tout dans une aventure humaine. Mais ça reste néanmoins agréablement utilisé. A voir comment les personnages se fondent dans le décor : leurs costumes représentant leur caractère respectif, tout en se confondant au paysage.

4 / 5
À lire aussi ⬇️

Devenez contributeurs/rices. 👊

Rejoignez un magazine libre et respecté. Depuis 2004, Onlike recense pas moins de 46 contributeurs indépendants dans ses colonnes,

en savoir plus
NEXT ⬇️ show must go on