[Report] La route du rock – Collection hiver #10, samedi 23 février

L’amour d’Onlike pour la route du rock, ce n’est pas nouveau. Ce qui l’est un peu plus, en revanche, c’est de se rendre à leur collection d’hiver, plus intime et moins connue que sa grande soeur estivale. On a pris le large pour Saint Malo samedi, pour investiguer et vous ramener reports et interviews de ce qui s’annonçait être une très très belle soirée.

Il est 20h pétante quand j’arrive à la Nouvelle Vague. Dans la queue pour entrer dans la salle, je tends une oreille et attrape des bribes de conversations : le sujet principal, c’est Mourn, le premier groupe à se produire. C’est vrai qu’à lire la bio des 4 musiciens, dont le doyen n’atteint pas à la vingtaine, on avait peur d’une programmation tenant plus du sensationnel que du réel intérêt musical. Et bien, tout faux ! Outre la personnalité absolument adorable des jeunes espagnols, force est de constater que le concert ne tient pas seulement la route : il est bluffant. L’énergie est contagieuse, et le set, court, vient supporter les espoirs que l’on avait déjà placé en eux à l’écoute de leur album éponyme.

http://concert.arte.tv/fr/mourn-la-route-du-rock

J’aimerais pouvoir parler en des termes similaires de Meatbodies, mais je dois l’avouer, il n’y a rien à faire. Je n’étais déjà pas trop convaincue sur le papier, malgré leur passé aux cotés de Ty Segall. Dire que le live ne m’a pas plu serait un euphémisme. Pire, il m’a déprimé. En quelques mots, Meatbodies, c’est très chevelu, ça sature beaucoup, ça crie pas mal,  ça énerve vachement, et ça n’apporte vraiment pas grand chose à ce qui peut se faire dans le même genre. L’agression sonore n’est justifiée par aucune composition qui puisse me toucher de près (ou même de loin).  Bref, ce n’est pas ma tasse de thé. Je suis sauvée par les obligations : les Mourn m’attendent pour une interview…

Le set de Deerhoof, autrement attendu et plébiscité ne me convainc guère plus d’un point de vue purement musical. C’est brouillon, très bruyant, mais la performance est à voir : d’abord, l’énergie de la chanteuse est communicative. Elle saute partout, et ils ont l’air heureux de jouer devant le public (qui n’en demande pas tant). La cacophonie se termine par ce qui ressemble à de longue improvisation, où chacun des membres échange ses instruments.  Au vu des réactions enthousiastes du public, je me sens bien seule à ne pas avoir apprécié le concert, mais après discussion, je me résigne : je suis sans doute trop jeune pour avoir connu la grande période de gloire du groupe. 

http://concert.arte.tv/fr/deerhoof-la-route-du-rock-hiver

Rentrent en scène les sur-attendus Blonde Redhead, tête d’affiche de la soirée. La fosse est plus que pleine, plus une place assise n’est disponible dans les gradins, le bar est vide, c’est le calme avant la tempête. Comme il y a 4 ans déjà, lors de leur passage remarqué à la route du rock d’été, impossible de ne pas être touché et admiratif par la justesse du trio, dont le set est un savant mélange du dernier album et des tubes qui ont fait la carrière et la renommée du groupe.  C’est flamboyant. Le live qui, qui sera le plus long de la soirée, dure à peu près une heure et demie et se termine par un rappel, qui, même perturbé par une partie de la batterie qui a décidé de fuguer de l’estrade, tient presque du moment de grâce lorsque les premières notes de 23 résonnent. 

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crédit : Nicolas Joubard

 

Ghost Culture et son étrange installation toute faite de lampes et de pads s’installe. Déception : le public de la route du rock d’hiver est un public assez âgé, qui déserte  le dernier concert. Si terminer la soirée par un artiste éléctro fonctionne bien l’été, on ne peut pas en dire de même pour la collection hiver, plus sage, où la majorité du public choisit souvent de rentrer se coucher passé la tête d’affiche. C’est un peu triste pour l’anglais, qui entame son concert par son tube, Mouth, devant une vingtaine de personnes seulement. La timidité du public ne semble pourtant pas le déranger,  et il met la même énergie à jouer que s’il était  devant une salle comble. Son set, bien que court, est assez enivrant, et réussit à ramener finalement les derniers festivaliers qui terminent leur soirée au son de l ‘électro érotico-glauque du jeune poulain de Phantasy

Malgré la grosse déception Meatbodies, le bilan est très positif. La soirée est variée, mais toujours pointue, et le festival ne perd pas en charme en s’enfermant dans les murs de la nouvelle vague. Il semblerait que le test de la collection hiver soit réussi haut la main, et on a déjà hâte de retrouver le fort St Père dans quelques mois.